Editorial – La bataille pour la direction de l’UMP détourne l’attention des médias de nombreux autres sujets. Ce n’était pourtant pas le seul événement digne d’intérêt dans l’actualité des dernières semaines.
C’est le dernier feuilleton à la mode. Chaque jour apporte un nouveau rebondissement, un nouveau coup de théâtre. La prolifération actuelle des micros tendus – alliée à l’utilisation généralisée de Twitter tant par les journalistes et que les politiques – n’a fait qu’amplifier chaque déclaration, chaque retournement de situation. Les protagonistes se précipitent dans les émissions de télévision, enchaînent les conférences de presse et les déclarations fracassantes. La lutte pour la présidence de l’UMP est médiatiquement omniprésente.
Si l’on se réfère au traitement médiatique des semaines qui viennent de s’écouler, il semblerait que l’actualité tourne quasiment exclusivement autour d’une question : Qui, de Jean-François Copé ou de François Fillon, prendra la direction de l’UMP ?
Plus récemment, la question s’est même transformée en une interrogation bien plus marquante pour le paysage politique français des années à venir. En l’occurrence : l’UMP va-t-elle survivre ?
Pendant des jours, les commentateurs se sont succédés dans les médias pour offrir leurs différents points de vue et analyses sur la situation, parfois même – à l’image d’Olivier Mazerolle – leur exaspération. Tous ont cherché à déterminer qui sort gagnant de cette élection. Serait-ce l’UDI ou le Front National ? Les deux partis revendiquent un afflux massif de nouveaux militants grâce à cet échec démocratique au sein du principal parti de droite. Serait-ce le gouvernement socialiste, qui n’essuie quasiment aucune critique en ce moment de la part de membres de l’opposition bien trop occupés à s’entredéchirer ?
Quoi qu’il en soit, il est certain que le combat des chefs à l’UMP a fait de nombreux perdants. Et pas simplement au sein du parti en question.
Comme le rappelle un article du Monde.fr, intitulé très judicieusement « Ce que vous avez manqué à cause de l’UMP », un certain nombre de faits d’actualité sont passés quasiment inaperçus dans ce brouhaha politicien dont l’importance peut pourtant paraître relative.
D’un point de vue international, tout d’abord, il a fallu attendre que le principal aéroport de la capitale soit fermé et que l’Internet soit coupé dans le pays, pour qu’on se rappelle qu’une guerre civile continue à déchirer la Syrie. En RDC aussi, des combats opposent des rebelles à l’armée régulière, dans une indifférence médiatique quasi-totale.
Même le conflit israélo-palestinien n’a pas bénéficié d’une couverture médiatique aussi importante que cela. Quant aux diverses manifestations en Egypte et en Tunisie ces derniers jours, c’est à peine si elles ont existé.
Quant à la politique intérieure, il faut bien avouer que, outre l’élection à l’UMP, la question du mariage pour tous, la lutte contre « l’Ayrault-port » et les assassinats en Corse ont aussi bénéficié d’une large couverture médiatique.
Deux sujets d’une importance non négligeable sont pourtant passés presque inaperçus : la loi du 22 novembre instaurant une comptabilisation séparée des bulletins blancs lors des élections et les chiffres du chômage pour octobre qui sont une fois de plus en hausse. D’un côté, un symbole d’espoir pour la vie démocratique du pays, de l’autre, un signe sérieux d’une économie qui ne va pas pour le mieux.
Cette fascination malsaine pour une lutte sans merci pour le contrôle de l’UMP n’aurait-elle pas occulté des informations bien plus importantes et dignes d’intérêt ?
David Bolton
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