A Londres, le 7 mai dernier, une cinquantaine d’invités ont participé à la conférence sur la Somalie, co-présidée par David Cameron, le Premier ministre britannique, et Hassan Cjeikh Mohamoud, le président somalien. Retour sur un pays à l’histoire mouvementée.
« C’est maintenant qu’il faut aider la Somalie et aujourd’hui le monde a prouvé qu’il avait compris et saisi ce moment important » a dit le président somalien. L’ensemble des donateurs, parmi lesquels l’UE et le FMI, vont aider le pays à hauteur de 70 millions d’euros pour l’aider à renforcer son système judiciaire et sa police. Depuis qu’elle a acquis l’indépendance en 1960, la Somalie a connu des périodes d’instabilité dans sa première décennie, tout comme une bonne partie des autres pays du continent noir qui acquièrent l’indépendance. En octobre 1969, le général Mohamed Barre prend le pouvoir à la suite d’un coup d’état. A l’issue d’une guerre qu’il déclare à son voisin éthiopien pour annexer à la Somalie la région de l’Ogaden, il laisse le pays dans le chaos : famine, corruption, pillages. Le pays entre en guerre civile sur fond de lutte de clans. Les factions de résistance armée et les milices gouvernementales s’affrontent régulièrement entre 1988 et 1991, ciblant parfois populations civiles et réfugiés éthiopiens. Les rebelles prennent le contrôle du palais présidentiel le 27 janvier 1991 et installent Ali Mahdi Mohamed à la tête de l’Etat.
Ce n’est pas pour autant que le calme revient sur le pays. Les troubles persistent et la République du Somaliland fait sécession en mai 1991. Le 19 novembre, Mohamed Farrah Aidid renverse le président. C’est dans ce contexte que le Conseil de Sécurité de l’ONU décrète un embargo sur les livraisons d’armes en janvier de l’année suivante. La famine pousse de nombreux somaliens à fuir le pays. Face à la Somalie, localisée dans la corne de l’Afrique, le Yémen, voit des milliers de boat people débarquer sur ses côtes. L’aide humanitaire massive est systématiquement détournée, en proie aux pillages. En 1993, les Etats-Unis sous mandat de l’ONU lance l’opération Restore Hope : elle déploie une force militaire sur le territoire somalien, et tente d’entamer une réconciliation. Elle livrera en fait des batailles contre les troupes du Général Aidid, au cours desquelles 151 casques bleus perdront la vie. Le 4 octobre 1993, deux hélicoptères américains sont abattus au cours de la bataille de Mogadiscio, tuant 19 soldats américains. L’ONU se retire du pays en 1995.
Depuis le départ de l’ONUSOM, le pays ne cesse de se diviser entre sécessions de régions, luttes entre partisans d’Aidid et partisans d’Egal (le président de la République de Somaliland). En 2000, un gouvernement fédéral de transition en exil est institué. Celui-ci est désormais reconnu par la communauté internationale, même « s’il n’a pas d’influence sur toute l’étendue du territoire », nuance Annette Weber de la fondation allemande Sciences et Politique. En 2006, l’Union des tribunaux islamiques, une organisation rassemblant 15 tribunaux islamiques somaliens, lui déclare la guerre. Elle sera rapidement mise en déroute par l’armée éthiopienne. En 2009, les Shebbabs prennent le contrôle de plusieurs régions. Leur présence complique aussi la distribution de denrées lors de la famine qui frappe la corne de l’Afrique en 2011. Ils seront délogés de la capitale en août 2011. Ils ont perdu du terrain depuis. Le pays doit aussi affronter un autre mal : la montée progressive des actes de pirateries. Le pays borde le golfe d’Aden, où l’Union européenne et les Etats-Unis ont déployé des bâtiments de guerre. En 2012, Hassan Cheikh Mohamoud est élu président. Les forces étrangères de l’Union africaine restaurent la sécurité dans le pays, et des institutions stables semblent émerger. C’était tout l’enjeu de la conférence qui a eu lieu. Le premier ministre britannique l’expliquait en disant que « le plus important aujourd’hui, c’est que de véritables progrès ont été accomplis pour soutenir les plans du président somalien qui veut remettre d’aplomb son pays. »
Marvin Nsombi
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