Après avoir envoyé son roman à plusieurs maisons d’édition et avoir essuyé leurs refus, Agnès Martin-Lugand se tourne vers le format ebook dans l’espoir d’obtenir visibilité et retours positifs. C’est un succès : le livre numérique truste la première place du classement des ventes Kindle. Quelque temps plus tard, les éditions Michel Lafon la contactent, son livre sera publié. Une belle histoire certes, mais moins belle que celle couchée sur le papier dont nous allons maintenant vous parler.
Un roman intimiste
Nous plongeons dés les premières pages dans le drame vécu par Diane un an plus tôt : un accident de voiture lui ravit mari et enfant, la tristesse est si grande qu’elle aurait préférée mourir avec eux. C’est sur ces bases dramatiques que débute l’histoire. Nous suivrons Diane sur le chemin de la reconstruction, celle de sa vie et de sa personne. La plume est légère quoique chargée d’une tristesse et d’une mélancolie omniprésentes, cela donne plus de puissance au texte. C’est une fiction mais qui ne fait que décrire des faits que des personnes réelles ont vécus, vivent et vivront. Cet accident tragique décrit une fatalité : la mort est foudroyante et c’est quelque chose que nous ne pouvons anticiper. Pourtant Diane culpabilise, elle a survécu, eux non. Elle n’aurait rien pu y faire mais elle s’enfonce dans la solitude, une solitude peuplée de remords et des ombres des être perdus, une solitude destructrice. Son seul lien avec la société est son ami Félix, bien vite nous comprendrons qu’il est aussi la dernière chose qui la relie à la vie. C’est donc une page de la vie de cette femme qui nous est contée, une page sombre mais où l’espoir subsiste, un espoir incarné par les grands espaces Irlandais et tout ce qu’ils contiennent.
Des personnages incroyablement vivants
De Félix à Judith, les personnages sont attachants et hauts en couleur. De la jeune irlandaise joviale au bourru Edward, chacun d’entre eux recèle des secrets, des blessures qui les rendent incroyablement vivants. Certains, comme Félix et Judith, sont en totale opposition avec l’état d’esprit de Diane tandis que l’état d’esprit d’Edward est à la fois l’antithèse de celui de la jeune femme et sa copie conforme. Si ce roman raconte avant tout une introspection, nous ne pouvons que nous rendre compte que le salut de Diane ne repose pas dans la solitude mais bel et bien dans le contact humain. Peu à peu, ils lui permettront de s’évader d’une prison dont elle seule détient la clé. Diane est sans doute le personnage le mieux construit, il est impossible de ne pas ressentir d’empathie envers elle tant l’écriture de l’auteure nous la dévoile: gauche, ne parvenant pas à vivre par elle-même… Au fil des pages, Diane prouve à ses amis, mais surtout à elle-même, qu’elle a assez de force pour se relever et pour enfin reprendre sa vie en main.
Notre verdict
C’est un roman poignant – tantôt triste, tantôt joyeux – qui ne laissera personne indifférent. L’œuvre se lit d’une traite et nous ne la fermons qu’avec regret. Le livre est court mais parfait dans sa construction et l’histoire ne souffre d’aucune longueur. Diane est émouvante, les sentiments sont parfaitement retranscrits et jamais l’écrivaine ne tombe dans la facilité. Ces choses accumulées rendant le tout formidablement réaliste. Agnès Martin-Lugand signe ici un premier roman magnifique, plein de vérité et d’espoir, et nous ne pouvons qu’attendre son prochaine ouvrage.
Détresse, amour, tristesse, joie(s) et pleur(s) seront autant d’états par lesquels passeront les lecteurs qui se laisseront séduire par ce livre qui est sans doute celui de cet été 2013. Dix-huit autres pays se le sont procuré. Les droits en vue d’une adaptation cinématographique ont même été vendus, ce qui laisse présager une sortie prochaine dans nos salles obscures.
Simon Sainte Mareville
Les gens heureux lisent et boivent du café est disponible aux éditions Michel Lafon depuis le 6 juin.
Une écriture rapide donc cinématographique qui donne vie aux personnages. Un récit touchant qui sonne vrai. Une lecture des plus agréables qui donne envie de la suivante… Sans compter un grand coup de chapeau pour la ténacité et le courage d’avoir franchi les barrières que sont les portes closes des Éditeurs ‘reconnus’ lesquels ont eu bien tort de fermer leurs yeux et leurs oreilles ! Agnès, par son exemple, donne de l’espoir à ceux qui n’en ont plus guère.
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