Jeudi et vendredi derniers, une vingtaine de lycées ont été perturbés par des étudiants qui protestent contre les expulsions d’élèves étrangers. Ils demandent le retour immédiat de Khatchik Khachatryan et de Leonarda, tous deux expulsés en plein milieu de leur scolarité.
Ils ont été des milliers à revendiquer au pays des droits de l’homme le droit à l’éducation. Erwan, en première littéraire au Lycée Blanqui à Saint Ouen nous explique que la décision s’est prise très vite de faire un blocus. « Après que les lycées parisiens se soient mobilisés, on s’est dit que Saint-Ouen devait faire quelque chose. Avec mes camarades du MJC (Mouvement des Jeunes Communistes), on a fait passer le message via twitter et Facebook et on s’est mobilisé . Le but du blocus, c’était de réunir un maximum de personnes pour nous soutenir dans notre lutte contre l’expulsion des étudiants étrangers. »
Vincent Peillon, ministre de l’éducation a demandé aux élèves de retourner en cours et de trouver un autre moyen de manifester avant de mettre en avant le caractère paradoxal du blocus : au nom du droit à l’éducation, ils empêchent des élèves d’aller en cours. A Avignon et à Mende en Lozère, les slogans répondaient « Leonarda ne va pas en cours, nous non plus. »
« La politique du gouvernement n’est pas de gauche. »
Vendredi, ils étaient plusieurs milliers à se retrouver place de la Nation à Paris pour manifester jusqu’au ministère de l’Intérieur et appeler à la démission de Manuel Valls. Jean-Luc Mélenchon faisait partie du cortège. Les manifestants avançaient que Leonarda et Khatchik sont des élèves comme eux, les papiers en moins. Une pétition circule pour le retour de Leonarda. Jeudi, elle était signée par 12 à 14 000 personnes. L’actrice Josiane Balasko a affirmé sa déception envers le gouvernement socialiste au micro de RTL « On perd notre âme, ce n’est pas pour ça qu’on a voté. »
Léa, étudiante et militante nous donne son point de vue « La politique de droite de Sarkozy a été remplacée par celle de Hollande et de Valls. Les expulsions de sans-papier, l’affaire de Lampedusa, l’accueil au compte-goutte de Roms mais aussi les fermetures d’usines, etc. nous poussent à penser la politique du gouvernement n’est pas de gauche. C’est aussi une politique qui, je pense, donne un terrain fertile à l’extrême droite. La seule différence entre ces expulsés et moi, c’est qu’ils n’ont pas de papier et que moi j’en ai. »
Quant à savoir s’il est réellement légitime d’expulser des enfants étrangers scolarisés, le gouvernement devrait donner sa position dans les jours à venir.
Nicolas Scheffer