Lana Del Rey sort enfin Ultraviolence, quelques années après l’excellent Born to Die. Les attentes autour de ce nouvel opus plaçaient la barre très haut tant beaucoup l’attendaient avec impatience, alors qu’en est-il ? Lana Del Rey a-t-elle confirmée avec succès ou bien a-t-elle déçu ?
Ultraviolence s’ouvre logiquement sur Cruel World, une piste où la chanteuse se livre à la fois sur ce qu’elle a dû ressentir suite au succès de son premier album – les critiques acerbes – ainsi que sur ce à quoi mène un succès trop rapide. La voix est trouble, brisée et chante avec désespoir ces quelques mots :
« Put my little red party dress on, Everybody knows that I’m the best, I’m crazy. Get a little bit of Bourbon in ‘ya, Get a little bit suburban and go crazy. Because you’re young, you’re wild, you’re free. You’re dancing circles around me, You’re fucking crazy, You’re crazy for me. »La piste Ultraviolence ne se fait pas attendre bien longtemps : le rythme est plus enjoué mais la voix est mélancolique comme jamais. Le refrain mène l’auditeur sur des rives venteuses et lointaines, la tête bouge au gré des mots qui s’enchaînent au cœur d’un ensemble à l’harmonie complète. Le piano, la guitare électrique et la batterie s’associent et forment un tout d’une rare beauté, les paroles sont – elles – vénéneuses et terribles, à mille lieues d’un quelconque féminisme :
« He used to call me DN, That stood for Deadly Nightshade. Cause I was filled with poison, But blessed with beauty and rage. Jim told me that, He hit me and it felt like a kiss. Jim brought me back, Reminded me of when we were kids. »Vient ensuite Shades of Cool où voix grésillante côtoie synthétiseur et guitare électrique pour former le morceau le plus blues de l’album. Les notes sont agressives : elles finissent même par recouvrir les paroles qui ne retentissent ensuite qu’avec plus de force, sur sujet de dépendance amoureuse. Brooklyn Baby nous embarque dans une ballade bien plus enjouée et on soulignera une fois de plus à quel point les arrangements sont d’une grande qualité. Ce morceau est très proche de Summertime Sadness – sur l’album Born to Die –, les cordes sont tendues à l’extrême tandis que la batterie rythme l’ensemble, la voix joue avec les instruments, profitant des silences pour susurrer des mots au lyrisme incandescent :
« They say I’m too young to love you, You say I’m too dumb to see. They judge me like a picture book, By the colors, like they forgot to read. I think we’re like fire and water. I think we’re like the wind and sea. You’re burning up, I’m cooling down. You’re up, I’m down. You’re blind, I see. But I’m free, I’m free. »West Coast est le premier single à avoir été diffusé par l’artiste. Très rock, il est produit par Dan Auerbach qui fait – encore – ici un travail magistral. Les guitares acoustiques offrent au titre une dimension spéciale, la batterie sert elle à appuyer le détachement, l’évasion. Le refrain met en perspective l’ensemble, la voix se fait vaporeuse, grésillante et diablement entraînante mais comme les images valent mille mots, jetez plutôt un œil au clip :
Vous l’aurez donc compris, Lana Del Rey signe ici un magistral second album, entre musique entraînante et voix torturée. Cet univers que la jeune femme s’est bâti est on ne peut plus attirant, c’est de la très bonne musique. Excellemment bien produit, Ultraviolence dépasse sans peine son aîné et on ne peut attendre qu’une seule chose : que le prochain opus sorte au plus vite.
Ultraviolence de Lana Del Rey est disponible depuis le 16 juin chez vos disquaires ainsi que sur les plateformes de téléchargement légal.
Simon Sainte Mareville