Mardi 24 Février 2015, le Quai d’Orsay annonce l’enlèvement d’une ressortissante française à Sanaa, capitale du Yémen, désormais l’un des pays les plus dangereux au monde. Ce matin, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré sur France Info être sans nouvelles mais que « tous les services sont mobilisés pour essayer de la retrouver ».
Selon les informations recueillies par Le Monde, Isabelle Prime, trentenaire née à Châteaubriant dans l’ouest de la France, ferait partie de la société de conseil Ayala Consulting Corporation basée à Miami. Presse Océan déclare que la jeune femme aurait déjà auparavant travaillé pour plusieurs sociétés de télécommunications, notamment en Jordanie et en Équateur. C’est en novembre 2013 qu’elle s’installe au Yémen. Son père déclare sur RTL qu’elle « n’était pas une tête brûlée ». Elle vivait dans une maison localisée près de la résidence de l’ambassadeur de France à Sanaa, se déplaçait en taxi normalement et restait toujours vigilante. Isabelle Prime a été enlevée alors qu’elle se rendait en taxi à son travail à 8h30 heure local en plein cœur de la capitale avec son interprète yéménite. Le taxi aurait été intercepté par des assaillants, qui auraient libéré quelques heures après le chauffeur au bord de la route. La ressortissante française devait quitter le Yémen dans les prochains jours mais souhaitait à tout prix finir sa mission.
La condition : quitter le pays au plus vite
Cet enlèvement n’est qu’une catastrophe de plus parmi tant d’autres. Le Yémen connaît une situation de crise et de danger très élevée depuis la fin d’année 2014. En septembre dernier, les miliciens houthistes, une branche du chiisme, ont fait irruption dans Sanaa. En ce début d’année, la situation se dégrade : le mois de janvier se voit mouvementé par le renversement du président Hadi et son chef de gouvernement, qui trouvent refuge à Aden, dans le sud du pays. Désormais, la capitale est gouvernée par des clans et groupes armés. Le lundi 16 Février, les Nations Unies lancent un appel aux houthistes à céder le pouvoir. Appel rejeté par les rebelles qui demandent à l’ONU de « respecter la volonté et la souveraineté du peuple yéménite et se montrer pertinent et objectif ». C’est dans ce contexte périlleux que les États-Unis ainsi qu’une grande partie des pays Européens ont pris la décision de fermer les portes de leur ambassade et de recommander à tous les ressortissants de « quitter le pays au plus vite ». Selon les termes mêmes du Secrétaire Général des Nations unies, Ban Ki-moon, le pays se trouve « au bord du précipice ». Le Yémen vit une crise politique mais aussi une crise confessionnelle : les partisans d’Al Qaïda se voient s’affronter contre les miliciens zaydites. L’État français en attente de nouvelles concernant l’otage française, la piste d’un acte revendiqué par Al Qaïda reste bien sûr plausible.
Philippine Domenech