Après avoir rencontré les Maliens, François Hollande s’est exprimé mardi 5 février à Strasbourg devant les parlementaires européens. Au programme, intégration, politiques communes et solidarité. Il en a profité pour recadrer le Premier ministre britannique et justifier de la présence de la France au Mali.
Dans un exercice de style pas évident, dans lequel Angela Merkel avait dû affronter les questions des eurodéputés en novembre dernier, le président de la République nous a livré sa vision de l’Europe. Avant de saluer les décisions prises par le parlement (MES, bases d’une union bancaire), il a commencé par critiquer la lenteur de l’Europe. Une Europe qui « met trop de temps à prendre des décisions majeures et met trop peu de temps à réfléchir à son architecture d’ensemble. » Hollande estime que les prochaines élections européennes de 2014, « une grande délibération collective », devront être le moment d’ouvrir le débat pour modifier cette architecture, et permettront de renforcer la légitimité de ses institutions.
Il a appelé à davantage d’intégration (Définition d’objectifs partagés, harmonisation des politiques et réformes structurelles) et à poursuivre les politiques communes (la PAC) pour que l’UE reste compétitive. Le président a fait référence aux euro-bonds. Ces instruments financiers qui permettraient à tous les États membres de s’endetter collectivement dans des conditions avantageuses. On connait la réticence de l’Allemagne sur ce point : les marchés financiers lui accordent jusqu’à présent des taux d’intérêts peu élevés. Le président a aussi demandé une mise en place d’une « politique de change » pour la monnaie commune. Une telle implication du politique dans la politique monétaire européenne risque d’interférer avec l’indépendance de la banque centrale européenne. Et nul ne doute que Berlin laisse une telle chose se produire.
Faire des économies ? oui. Affaiblir l’économie ? Non !
Sous les applaudissements des eurodéputés, il a exprimé son souhait de continuer les politiques de consolidation budgétaire, sans pour condamner l’UE à une austérité sans fin. « Faire des économies ? Oui. Affaiblir l’économie ? Non » a-t-il dit avec conviction. La solidarité était au programme. Fonds de cohésion, lutte contre le chômage et soutien à la croissance car désormais, « ce qui nous menace, ce n’est plus la défiance des marchés, c’est celle des peuples ». L’Union semble éloignée des préoccupations des Européens. Un argument du discours de Cameron dans lequel il menaçait de consulter les britanniques sur la place du Royaume-Uni dans l’UE. « L’Europe ne peut se contenter d’être une addition de nations, chacune venant chercher dans l’Union ce qui lui est utile pour elle », lui a rétorqué Hollande. La volonté du premier ministre britannique était-elle de faire de l’UE un supermarché discount, ou celle de reconstruire le marché commun et de réduire le poids de la bureaucratie de Bruxelles ? Chacun se fera son opinion.
Enfin, il a évoqué la nécessité d’une politique extérieure commune. « L’Europe doit éviter de disperser ses forces et ses initiatives. Elle doit parler d’une seule voie ». Par exemple, qui connait la position officielle de l’UE sur la situation en Palestine ? Entre les déclarations de Mme Ashton, la représentante de l’UE pour les affaires étrangères, et celles des gouvernements nationaux, il y a un fossé. Hollande a expliqué la raison de l’intervention militaire au Nord-Mali. Il justifie son choix « au nom de la France », en réponse à la demande au Mali, qui était occupée par des groupes terroristes qui semaient la terreur. « L’Europe doit prendre sa part du combat pour la démocratie, pour la dignité humaine ». Que de belles choses, mais en attendant, il faut ouvrir la question du budget pluriannuel de l’Union européenne, ce week-end. Et la lutte s’annonce longue et difficile.
Marvin Nsombi