Après maints débats, et de nombreux chamboulements aussi bien du côté de la droite que de la gauche, on en oublierait presque l’essentiel. Dans deux mois, François Hollande devra céder sa place. Alors que certains candidats tels que Marine le Pen, François Fillon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon sont plus représentés ces dernières semaines, d’autres personnalités, parfois écrasées médiatiquement par les gros “poids lourds” politiques, ont eux aussi un programme à défendre. Une clarification s’impose. Tour d’horizon des principales personnalités politiques aujourd’hui déclarées candidats à l’élection du 23 avril prochain.
François Fillon
François Fillon a remporté 66,5% des voix au second tour des primaires de la droite et du centre le 27 novembre dernier face notamment à Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno le Maire et Jean-François Copé. Il devient donc l’actuel représentant des Républicains aux présidentielles. Dans son programme trois points clés : l’économie, le rôle de l’État et la mise en avant des valeurs de la France. Il apporte sa touche singulière à travers un programme considéré comme réformiste, libéral et conservateur. Il prône un libéralisme économique pur par le biais notamment de la suppression de l’ISF, la baisse des charges des entreprises, des allégements sociaux et fiscaux pour les ménages, la fin des 35h dans le privé, retour aux 39h au sein du public. Il insiste aussi sur le rôle de l’État notamment par le renforcement de la sécurité, justice et défense. Ces derniers jours, cependant, François Fillon est accablé par la presse à propos d’une nouvelle affaire politico-financière. Actuellement pris en main par la justice, le dossier laisse des doutes quant à la façon avec laquelle François Fillon va arriver à conserver légitimement sa place en tant que candidat de la droite républicaine.
Nicolas Dupon-Aignan
Député-maire d’Yerres dans l’Essonne, Nicolas Dupont-Aignan est candidat à l’élection présidentielle pour la deuxième fois consécutive – après avoir remporté 1,79% de voix aux élections de 2012 – avec son parti Debout la France, parti qui se proclame “gaulliste et souverainiste”. Son programme se compose de quatre idées principales. Il souhaite rendre “le pouvoir aux Français” en refondant la politique. Pour ce faire, il déclare vouloir remplacer l’Union Européenne par une Communauté des Etats Européens, renforcer le partenariat entre la France et l’Afrique ainsi que la défense par le biais de l’armée. Il défend les valeurs de la France à travers le renforcement de la culture populaire et du patrimoine, la garantie de la laïcité et le contrôler l’immigration en rétablissant la sécurité et la justice française. D’un point de vue économique, il souhaite relever “les défis du XXIème siècle” en créant 2 millions d’emplois. Il fait valoir qu’un renforcement de l’agriculture, de science et l’industrie par la recherche, ainsi qu’un contrôle de l’énergie et l’environnement et une valorisation du tourisme seront les éléments fondamentaux de son élection. Enfin, il prône la récompense “au mérite” à travers la refondation de l’école publique, de l’enseignement supérieur et de la santé ainsi que de la retraite.
Marine le Pen
Marine Le Pen est la candidate du FN aux élections présidentielles. Après de très bons résultats lors des élections régionales, le FN propose un programme baptisé : “144 engagements”, annoncé le samedi 4 février dernier à Lyon. Bien que très médiatique depuis plusieurs décennies, le FN se place en tête d’affiche depuis le début de la campagne. Dans son programme, deux référendums, le premier constitutionnel pour la “priorité nationale”, le second pour reprendre les “4 souverainetés” : budgétaire, territoriale, monétaire et législative. Par rapport au programme proposé par le parti lors des élections présidentielles de 2012, certains points ne changent pas. L’actuelle députée européenne préconise la retraite à 60 ans, les 35h, la fin de l’aide médicale de l’État. L’évolution de son discours varie cependant sur le fait qu’elle ne parle plus de “retrait de l’Union Européenne” mais plutôt de le retour d’une monnaie nationale, de “perpétuité réelle” et non la peine de mort, mais aussi de “prime du pouvoir d’achat” à la place d’une “augmentation de 200 euros des salaires”. Marine Le Pen déclare que les économies seront faites par le biais d’une nouvelle gestion de la Sécurité sociale, de la fraude sociale et l’évasion fiscale, de l’Union Européenne, l’immigration, la délinquance et enfin de la réforme institutionnelle.
Michèle Alliot-Marie
Candidate indépendante, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy et de Jacques Chirac, actuellement députée européenne, présidente du parti Nouvelle France, Michèle Alliot-Marie a assuré ce mois, être sur le point de récolter assez de signatures (500) pour se présenter. Ayant refusé de participer aux primaires de la droite et du centre en novembre, elle fera cette fois-ci chemin seule. En novembre dernier, elle a publié un livre-programme de 103 pages sur les réseaux sociaux intitulé “Lettres à la Nouvelle France”. Dans celui-ci, elle dévoile ses échanges avec les français à travers diverses thématiques : l’éducation, la fonction publique, la retraite, le chômage, la santé. Sans aucun doute un avant goût du programme officiel qu’elle devrait annoncer prochainement. Elle place l’État au centre de son future programme. En effet, contrairement à l’idéologie politique de François Fillon, elle soutient l’idée selon laquelle l’État, dans un monde libéral, a toujours sa place et doit se responsabiliser notamment dans le domaine économique. Son approche des questions régaliennes risque de rejoindre celle proposée par François Fillon. Reste à savoir quel sera son programme définitif qui devrait voir le jour dans les semaines à venir.
Benoit Hamon
La gauche a organisé une primaire en réunissant des partis au sein de ce qu’on appelle la “Belle Alliance populaire” – parti socialiste, parti radical de gauche et certains écologistes – en janvier dernier. Dimanche 29 janvier 2017, Benoît Hamon a remporté l’élection face notamment à Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel et François de Rugy. Le candidat, actuel député des Yvelines et ancien ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et membre du bureau national du parti socialiste, a pour principale mesure la suppression de la loi travail. Il déclare aussi vouloir instaurer un revenu universel jusqu’à 750 euros à terme (2027), souhaite conserver les semaines à 35h tout en incitant financièrement les entreprises à abaisser à 32h. Ainsi, il annonce un programme autour de 3 points importants : “un progrès social et écologique”, “une république bienveillante et humaniste” et “une France indépendante et protectrice”.
Jean-Luc Mélenchon
Il y a un an, Jean-Luc Mélenchon avait déjà officiellement annoncé sa candidature à la course présidentielle. Bien qu’il ait refusé de prendre part à la primaire de la gauche, il obtient le soutien du Parti Communiste (PCF). Médiatiquement et politiquement présent, il a su, après 2012 se faire une place au sein de paysage politique Français. Il est désormais soutenu par le Parti de gauche – à la création duquel il a participé – et le mouvement Ensemble!, sous son étiquette de campagne “La France insoumise” (LFI). Pour la première fois depuis le début de la Vème république, les sondages l’annonce comme une menace pour le candidat du PS. Jean-Luc Mélenchon propose aujourd’hui un programme dont les éléments principaux sont : l’abrogation de la loi travail, le refus du Tafta, la “refondation démocratique” des traités européens pour que les citoyens puissent s’exprimer plus aisément. Aussi, plaide-t-il pour une priorité donné au pouvoir d’achat avec un SMIC mensuel s’élevant à 1300 euros net. La nouveauté, par rapport à son programme présenté lors des élections de 2012, réside dans son intérêt porté pour l’écologie. Point clé de son programme, avec l’instauration de la “règle verte”, il plébiscite le contrôle des ressources naturelles.
Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique sous François Hollande, et président du mouvement “En Marche!”, annonce sa candidature en novembre dernier. Parfois considéré comme un “OVNI” politique par ses confrères politiques et les médias, il a su s’imposer au grand public lors de sa nomination en tant que ministre en 2014. Emmanuel Macron tente de sortir du clan de la gauche socialiste, et fait bande à part lors des primaires. Bien qu’il n’ait pas présenté son programme officiel, il en a récemment esquissé les grandes lignes dans son livre-programme “Révolution”. Souvent décrit comme un social-libéral, par ses propositions économiques et fiscales, il prône pour l’instant une réforme de l’ISF, un assouplissement des 35h, une transformation du RSA “pour accompagner le retour à l’activité”, une transformation du CICE en “allégement de charges”, une nationalisation de l’Unedic mais aussi une suppression des cotisations maladie et chômage ainsi qu’un fonctionnement des retraites “à la carte”. Bien que son programme officiel soit très attendu, les éléments énoncés depuis le début de sa campagne ne devrait pas être soumis à de grandes modifications.
Nathalie Arthaud
Annoncée candidate en mars 2016, Nathalie Arthaud est candidate du parti d’extrême gauche Lutte ouvrière. Actuellement professeure agrégée d’économie et de gestion, elle se présente en nouvelle fois après les élections de 2012. En janvier dernier, elle a annoncé être confiante quant à la collecte des 500 signatures nécessaire à sa candidature. Comme elle l’explique sur le site du parti, elle ne défends pas “les intérêts de la France et des Français” mais “ceux des millions de femmes et d’hommes, ouvriers, employés… tous ceux qui vivent de leur travail sans exploiter personne”. Le programme qu’elle devrait présenter si sa candidature est validée aura pour objectif de “faire entendre le camp des travailleurs”.
Philippe Poutou
Lui aussi déjà candidat aux élections de 2012, Philippe Poutou se porte candidat aux élections en tant que représentant du parti d’extrême gauche NPA. Bien qu’il ait pour l’instant réuni 200 signatures, il a annoncé en janvier une “alerte démocratique” pour arriver à regrouper le nombre de signatures correspondant. Dans son journal, L’anticapitaliste, le candidat trotskiste disait “on veut absolument s’inviter à nouveau dans la présidentielle, on a un programme anticapitaliste à défendre, la voix de la récolte à faire entendre et la perspective d’une troisième tour social après les élections”.
François Asselineau
Le président de l’Union populaire républicaine, François Asselineau se porte aussi candidat à l’élection de 2017. N’ayant pas réussi à réunir les 500 signatures lors des échéances précédentes, il assure avoir les chances cette année de pouvoir se présenter. Son parti, l’UPR, souhaite notamment “rétablir l’indépendance de la France et la souveraineté du peuple français”. Le poids d’appui du programme se base sur la mauvaise gestion du transfert des compétences de la Commission européenne. Il prône ainsi la sortie de la France de l’UE ainsi que de la zone euro et de l’OTAN.
Jacques Cheminade
Jacques Cheminade, candidat pour la troisième fois – en 1995 et 2012 – , se porte représentant de son parti “Solidarité et progrès”. En janvier dernier, il a annoncé pouvoir recevoir le nombre de signatures nécessaire à sa représentation. Le SP est un parti relativement socialement conservateur qui souhaite une “écologie humaine”. Depuis la création de son parti, le candidat demande la signature d’un nouveau “Bretton Woods” qui défend la séparation des banques de dépôts et de crédits dans le but unique de responsabiliser les banques en cas de crise. Cette solution permettrait la création d’emplois à grande échelle par le biais d’une politique d’investissement au niveau aussi bien national qu’international.
Les candidats incertains
D’autres personnalités se sont portés candidats mais ne sont actuellement pas sur de pouvoir se présenter, faute de parrainages. C’est notamment le cas de Rama Yade, ancienne secrétaire d’Etat sous Sarkozy. Sous le logo “la France qui ose” elle s’est alliée avec des mouvements tels que l’Alliance écologiste indépendante, Démocratie 21, le Parti libéral démocrate etc. François Bayrou – triple candidat aux élections présidentielles de 2002, 2007 et 2012 (9,13%) – n’a pas encore donné sa décision concernant sa candidature potentielle. Avant les primaires de la droite, il avait annoncé qu’il soutiendrait Alain Juppé si celui-ci remportait les élections de la droite mais se porterait candidat en cas d’échec. Bien qu’Emmanuel Macron l’ait appelé à le soutenir, il a récemment démenti vouloir rallier son mouvement qui incarne selon lui « l’hypercapitalisme qui domine le monde ». Étant donné la situation actuelle, il y a fort à parier que le maire de Pau propose sa candidature mi-février. Suite à la primaire ouverte d’EELV organisée entre octobre et novembre dernier, Yannick Jadot a été désigné candidat aux présidentielles. En janvier, le parti a déclaré avoir réuni 250 signatures sur les 500 demandées et craint de ne pas pouvoir être représenté. Faute d’avoir réussi à trouver une entente avec les autres partis de la gauche, il se pourrait donc que les Verts ne soient pas présents en Avril prochain. L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, actuel député LR des Yvelines, Henri Guaino, rattaché au parti Républicain, est candidat aux élections mais n’a pas pu participer à la primaire de la droite par manque de signatures. Jean-Claude Martinez, juriste fiscaliste ancien député européen et vice-président du FN a annoncé sa volonté d’être candidat en avril prochain. L’ancien dirigeant d’ATTAC et du mouvement d’émancipation populaire (M’PEP) aussi économiste altermondialiste, Jacques Nikonoff souhaite faire partie des candidats sous l’étiquette “Rassemblement pour la démondialisation” créé en 2016. S’ajoute enfin à cette liste non-exhaustive, Antoine Waetcher, fondateur et président du Mouvement écologiste indépendant (MEI) – précédemment candidat en 1988 – tentera de participer à la course à la présidentielle dans les mois prochains.
Camille Bour