À l’occasion de la semaine de la francophonie, ParlonsInfo revient sur cette notion géopolitique et culturelle ainsi que sur le discours d’Emmanuel Macron devant l’Académie Française.
Qu’est-ce que la francophonie ?
La francophonie peut désigner deux choses, c’est à la fois l’ensemble des régions francophones dans le monde et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Cette dernière regroupe des pays membre et des pays observateurs. Le but de cette organisation est entre autres de faire en sorte que les différents pays de la francophonie maintiennent de bonnes relations entre eux. Elle compte 58 membres et 26 observateurs tels que le Mexique, la Pologne ou encore la Corée du Sud.
Lorsqu’il est question de francophonie au sens large du terme, il est alors question des régions de langue française, et non forcément des États. Ainsi, y sont intégrés des minorités linguistiques comme les Cajuns en Louisiane ou même les nombreux français de Londres. La langue française compte près de 274 millions de locuteurs parmi lesquels se trouvent 76 millions de personnes dont elle est la langue maternelle. Les francophones sont en majorité en France, en République Démocratique du Congo, au Maghreb et au Canada.
Tous les pays francophones n’ont pas le français comme langue officielle, c’est par exemple le cas du Liban ou de l’Algérie.
La semaine de la francophonie
Le 20 mars est à l’initiative de l’OIF la journée internationale de la Francophonie. Cette date commémore la première conférence de l’organisation qui s’est tenue en 1970 à Niamey. Depuis, la semaine du 20 mars est l’occasion de fêter la francophonie partout dans le monde.
Cette année encore, la semaine de la francophonie verra de nombreuses manifestations culturelles se tenir dans le monde entier. Il est d’ailleurs possible de consulter une carte répertoriant les différents événements de cette semaine sur le site de l’OIF pour le 20 mars.
Les manifestations sont diverses et variées, allant du concours littéraire au festival des Cultures Françaises en passant par des joutes oratoires dans des Alliances Françaises. Le but de ces manifestations est de promouvoir le français, mais aussi d’unir les francophones du monde.
L’Académie Française
La norme et le bon usage du français sont fixés par l’Académie Française, basée à Paris. Cette institution prestigieuse rassemble des intellectuels qui ont autorité sur la langue. Elle est fondée par le Cardinal Richelieu en 1634 alors que le français n’avait pas encore de règles fixes. Des institutions similaires existent au Québec et en Belgique, mais elles n’ont pas la même importance.
Le discours d’Emmanuel Macron sur la langue française
C’est face à cette assemblée et 300 jeunes qu’Emmanuel Macron a décidé de s’exprimer pour expliquer, comme il est précisé dans le communiqué de l’Académie Française, le « lancement de la stratégie internationale en faveur de la langue française et du plurilinguisme« .
Le début de son discours traite de la nécessité de décentraliser le français, de le penser non plus comme une langue nationale mais comme un trésor commun à la francophonie : « La France doit aujourd’hui s’enorgueillir d’être un pays parmi d’autres, qui apprend, parle et écrit en français. C’est ce décentrement qu’il nous faut penser. Le français s’est émancipé de la France, il est devenu cette langue monde, cette langue archipel ».
Selon lui, la vision colonialiste du français n’a plus lieu d’être et reconnaît l’apport des peuples anciennement colonisés : « En faisant de la langue des colons leur langue, les anciens colonisés ont aussi apporté à notre langue cette expérience de souffrance qui enrichit notre langue (…) ». Toutefois, la France se doit d’aider la francophonie, d’y participer activement.
Parmi les mesures annoncées apparaît la volonté de faire venir d’avantages d’étudiants étrangers : « Nous ne pouvons plus être ce pays opposant aux étudiants étrangers un parcours du combattant. La France devra accroître le nombre d’étudiants étrangers sur son territoire, le nombreux de ceux qui viennent de pays émergent devra doubler. Les étudiant indiens, russes, chinois seront plus nombreux. » La question de l’attractivité de l’enseignement supérieur en France est ainsi intégrée implicitement dans la discussion, et ce deux jours avant la grève générale qui touchera aussi les universités françaises.
Le Président de la République propose aussi des réformes pour l’Europe, alors que l’anglais perd en importance avec le Brexit : « Je souhaite qu’en Europe soit enseigné deux langues en plus de la langue maternelle. L’anglais n’est pas la seule langue qui a vocation d’être parlé par les Européens. Les entreprises doivent prendre leur responsabilité ».
Tout au long du discours, l’accent est mis sur l’importance de redonner au français une place importante dans le monde. Il est par exemple question d’ouvrir 10 Alliances Françaises chaque année dans le monde à partir de 2019 en plus des 800 déjà existantes.
La question reste maintenant de savoir si Emmanuel Macron parviendra à appliquer ses propositions pour la langue française. Comme il est dit dans son allocution, l’enjeu n’est pas uniquement français mais mondial. Une concertation avec les autres pays francophones sera nécessaire, notamment avec les pays francophones d’Afrique, qui ont une croissance démographique importante.
Valentin Aubin-Boivin