ParlonsInfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de cette semaine, en France et dans le monde.

Nicolas Sarkozy mis en examen dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007

Nicolas Sarkozy en meeting en 2007 - Crédits : Guillaume Paumier (Wikimédia Commons)

Nicolas Sarkozy en meeting en 2007 – Crédits : Guillaume Paumier (Wikimédia Commons)

Coup de tonnerre mardi matin : l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy est en garde à vue. Après deux jours d’interrogatoire intensif, il est mis en examen mercredi soir pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de détournement de fonds publics libyens.

Cette affaire commence en 2007. Les faits reprochés à l’ancien Président sont simples : avoir reçu des valises d’argent liquide de la part du leader libyen, Mouammar Kadhafi, par l’intermédiaire de Ziad Takkedine, homme d’affaires franco-libanais. Les sommes évoquées tournent autour de 5 millions d’euros, qui auraient permis de financer certains meetings, mais aussi d’offrir des « primes » à certains membres de l’équipe de campagne.

Mais c’est véritablement en 2012, durant l’entre-deux tours de l’élection présidentielle, que cette affaire est révélée au grand jour, par l’intermédiaire du site d’investigation Médiapart. Le site publie une note du régime libyen qui évoque l’octroi de 50 millions d’euros à destination de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy. L’ancien Président prétend qu’il s’agit d’un faux, et porte plainte. En première instance et en appel, les juges ont donné raison au journal en ligne. Nicolas Sarkozy s’est pourvu en cassation en 2017, mais les journalistes continuent de s’appuyer sur les décisions de justice pour défendre la véracité de leur document.

L’affaire qui parcourt les couloirs des palais de justice a été très récemment relancée par l’arrestation à Londres d’Alexandre Djouhri, le 8 janvier dernier. Cet homme d’affaires, également soupçonné d’avoir joué un rôle d’intermédiaire financier, est maintenu en détention depuis près de trois mois, et aurait permis aux juges d’avoir accès à des indices « graves et concordants » concernant l’implication de Nicolas Sarkozy. C’est ce qui a mené à sa garde à vue en début de semaine. N’ayant apparemment pas levé les soupçons à son encontre, l’ancien Président est ainsi mis en examen, au lieu d’être placé sous le statut de témoin assisté, ce qu’il avait demandé aux enquêteurs.

Placé sous contrôle judiciaire, Nicolas Sarkozy nie les faits en bloc et parle de « l’enfer de la calomnie ». Invité jeudi soir du JT de 20 heures de TF1, il a une fois encore remis en cause la véracité du document publié par Mediapart, « seule base » d’accusation selon lui. Le contrôle judiciaire interdit notamment à Nicolas Sarkozy de se rendre en Libye, ainsi que d’entrer en contact avec les autres mis en cause dans cette affaire, comme Claude Guéant et Brice Hortefeux.

« Marchons pour nos vies » : la jeunesse américaine contre la circulation des armes

« Plus jamais ça ». Depuis la fusillade de Parkland, la jeunesse américaine se mobilise contre la libre circulation des armes aux États-Unis. Samedi 24 mars, plus d’un million de jeunes ont manifesté dans les rues de l’ensemble du pays.

La marche à Washington a relié le Capitole à la Maison Blanche - Crédits : Ted Eytan (Wikimédia Commons)

La marche à Washington a relié le Capitole à la Maison Blanche – Crédits : Ted Eytan (Wikimédia Commons)

Il étaient 175 000 à New-York. 800 000 à Washington. Des milliers à Atlanta, Houston, Nashville, Seattle, Las Vegas ou encore Los Angeles. Tous ont défilé dans les rues sous les banderoles « Never again » (plus jamais ça), et « March for our lives » (marchons pour nos vies). Une réaction spontanée à la fusillade perpétrée par Nicolas Cruz le 14 février au sein du lycée Marjory Stoneman Douglas à Parkland en Floride. 17 personnes y avaient perdu la vie.

"Plus jamais ça" - Crédits : Ted Eytan (Wikimédia Commons)

« Plus jamais ça » – Crédits : Ted Eytan (Wikimédia Commons)

À New-York comme à Los Angeles, les manifestants ont brandi les les portraits des jeunes victimes, mortes sous les balles. Dans chaque ville, les manifestants n’ont pas manqué d’imagination pour protester contre le port d’armes aux États-Unis. « Protect kids, not guns » (protégez les enfants, pas les armes), pouvait-on voir à Houston au Texas. « Listen to the kids » (écoutez les enfants) à Seattle. D’autres ont critiqué l’influence de la NRA (National Rifle Association) sur le gouvernement.

À Washington, Emma Gonzalez, une des rescapée de la tuerie de Parkland, devenue un symbole de la lutte anti-arme, a conservé quatre minutes et demie de silence, en hommage à ses camarades de lycée qui ont perdu la vie le 14 février. Elle est intervenue sur scène pendant six minutes et vingt secondes, soit la durée totale de la fusillade. Chaque année, 30 000 personnes meurent sous les balles sur le sol américain, où la jeunesse est parfois présentée comme la « génération mass shooting » ou « génération Columbine » en référence à la tuerie survenue dans une école secondaire du Colorado en 1999.

Les nombreuses victimes des fusillades aux États-Unis - Crédits : Ted Eytan (Wikimédia Commons)

Les nombreuses victimes des fusillades aux États-Unis – Crédits : Ted Eytan (Wikimédia Commons)

 

Des attaques terroristes à Carcassonne et à Trèbes font quatre morts et quinze blessés

Les trois attaques ont eu lieu vendredi 23 mars. Radouane Lakdim, un franco-marocain de 25 ans se réclamant de l’Etat Islamique, a braqué une voiture à Carcassonne, tuant le passager (Jean Mazières), tiré sur quatre CRS qui faisaient un jogging puis s’est rendu dans un supermarché Super U de Trèbes (situé à 10 kilomètres de Carcassonne). Il a abattu le chef boucher (Christian Medves) et un client (Hervé Sosna) avant de tirer sur le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui s’était substitué à une otage. Le gendarme est décédé dans la nuit de vendredi à samedi. On compte également quinze blessés. L’homme a finalement été abattu par le GIGN (groupe d’intervention de la gendarmerie nationale). L’Etat islamique a revendiqué l’attaque.

Samedi, la section antiterroriste du parquet de Paris poursuit les investigations pour trouver les motivations de Radouane Lakdim et la provenance de son arme. L’homme était fiché S depuis 2014 mais n’avait manifesté aucun « signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l’acte terroriste » selon François Molins, procureur de la République de Paris. Lors de la prise d’otage il aurait réclamé la libération de ses « frères« . La compagne de Lakdim ainsi qu’un mineur né en 2000 ont été placés en garde à vue avec pour chef d’accusation association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste.

Le président Emmanuel Macron a rendu hommage à Arnaud Beltrame, « tombé en héros » et méritant « respect et admiration de la nation tout entière« . Gérard Collomb à également rendu hommage au gendarme « mort pour la patrie« . « Son héroïsme marquera nos mémoires à jamais », a réagi le premier ministre Edouard Philippe. L’Elysée a par ailleurs annoncé qu’un hommage national lui serait rendu.

Martin Fourcade marque encore un peu plus l’histoire du biathlon

Martin Fourcade - crédits : Ylliab Photo (Wikimédia Commons)

Martin Fourcade – crédits : Ylliab Photo (Wikimédia Commons)

Ce week-end se tenait à Tyumen en Russie, l’ultime étape de la Coupe du Monde de biathlon. Le quintuple champion olympique français Martin Fourcade était en arrivant encore à la lutte avec son rival norvégien Johannes Thingnes Boe pour remporter le titre mondial. Mais dès le sprint, le Français a assommé ses adversaires, avec 33 secondes sur le deuxième, son compatriote Simon Desthieux. Boe rate son sprint et termine seulement à la 14e place. Mathématiquement, il ne peut plus rattraper son adversaire au classement. En montant sur 20 podiums en 21 courses cette saison, le Français réalise une performance inégalée et atteint les 74 victoires en Coupe du Monde.

Martin Fourcade s’adjuge ainsi un 7e Globe de Cristal consécutif, ce qui n’a jamais été fait dans sa discipline. Il dépasse la légende Ole Einar Bjoerndalen et ses 6 globes, qui à 44 ans, est encore sur le circuit et détient toujours le record de victoires en Coupe du Monde (95).

Manifestations des fonctionnaires, des cheminots et des étudiants

Plus de 180 rassemblements étaient organisés en France ce jeudi 22 mars, réunissant plus de 500 000 personnes, selon la CGT. Les syndicats dénoncent le projet gouvernemental de réforme de la fonction publique. Début février, le Premier ministre a annoncé le lancement d’une concertation avec les syndicats pour discuter d’une rémunération plus individualisée des fonctionnaires, de leur évolution de carrière – en favorisant leur mobilité ou leur départ vers le secteur privé – ainsi que d’un recours plus important aux agents contractuels.

Les syndicats de cheminots ont annoncé cette mobilisation mi-février, après la remise au gouvernement du rapport Spinetta sur l’avenir de l’entreprise ferroviaire. Celui-ci prévoit notamment la suppression du statut de cheminot pour les nouvelles embauches. Les syndicats ont programmé une grève intermittente de 36 jours à partir du 3 avril, avec deux jours de grève suivis de trois jours travaillés. Un planning est prévu jusqu’au 28 juin, qui pourra être modifié en fonction des concertations avec le gouvernement.

Les étudiants, eux, protestaient contre la réforme de l’université visant à instaurer une sélection dans toutes les formations.

Lors des manifestations, il est d’usage de fournir le nombre des manifestants selon les syndicats et selon la police, ceux-ci variant régulièrement de un à trois, voire plus. En 2015, un rapport réalisé par des chercheurs de l’EHESS, de l’Insee et de l’Université Paris-I avait établi que la méthode utilisée par les policiers était la plus « opérationnelle ». Plusieurs médias, dont l’AFP, Radio France, France 2, Le Monde et RTL, se sont engagés à fournir jeudi un chiffrage unique pour chacune des manifestations parisiennes, réalisé par le cabinet d’études Occurrence, qui a développé un système de comptage de foule. Celui-ci s’appuie sur deux capteurs placés en hauteur et reliés à un ordinateur qui tracent une ligne virtuelle et comptabilisent chaque manifestant qui la franchit. Pour recouper cette estimation, six comptages sont également effectués par des personnes. Occurrence a évalué ce jeudi le nombre de fonctionnaires dans le cortège parisien à 34 700, contre 40 000 pour la CGT et 32 500 pour la préfecture de police.

Sanctions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis

Le ministère du Commerce chinois a dévoilé  une liste de produits américains ce vendredi 23 mars sur lesquels il compte imposer des droits de douane plus élevés, en réaction aux sanctions commerciales annoncées la veille par le président américain, Donald Trump. « La Chine n’a en aucun cas peur d’une guerre commerciale », a déclaré le ministre du Commerce. Parmi les près de 130 produits cités figurent du vin, des fruits, de la viande de porc et de l’aluminium recyclé. La Chine estime qu’elle engrangera ainsi 3 milliards de dollars.

Donald Trump a signé hier un document dans lequel il demande à son administration de fixer d’ici 15 jours les produits chinois auxquels appliquer des sanctions commerciales pouvant atteindre 60 milliards de dollars. Le président affirme ainsi vouloir répondre à « l’agression économique de la Chine ». Les États-Unis enregistrent avec le pays leur plus fort déficit commercial, d’un montant de 375 milliards de dollars en 2017, selon le gouvernement américain.

Cette décision intervient alors que le président américain a décidé hier d’exempter davantage de pays des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium qu’il a portées respectivement à 25 % et 10 % le 8 mars. Après le Canada et le Mexique, déjà dispensés, l’Union européenne ainsi que l’Argentine, l’Australie, le Brésil et la Corée du Sud ont obtenu de ne pas payer ces taxes, au moins jusqu’au 1er mai.

Lara Baranowski, Marianne Chenou, Caroline Robin & Marie Sénéchal