« Le Hobbit : un voyage inattendu », première partie de la trilogie de Peter Jackson est en tête du box office français, avec près de 3,5 millions de spectateurs. Sans grande surprise, le film continue à remplir les salles. Le prequel du Seigneur des Anneaux était fait pour attirer tous les publics : un conte pour petits et grands, qui attire autant les fanatiques de l’univers de Tolkien que les profanes, et annonçant des effets visuels jamais vus auparavant. Analyse d’un blockbuster qui ne tient pas toutes ses promesses.
« Le Hobbit » : un conte pour tous
L’histoire en elle-même est construite comme un conte, et tout conte induit une morale. Ainsi, dans un trou ressemblant à un douillet cottage, vit un Hobbit, Bilbon Sacquet, qui arbore un flegme très anglais. Mais c’est sans compter la venue du Mage Gandalf et de treize nains souhaitant reconquérir leur royaume investi par le vénal dragon Smaug, attiré par l’odeur de l’or dont les nains capitalistes se sont enivrés. C’est ainsi que Bilbon va prendre la figure de l’anti-héros : un anti-héros mal à l’aise dans son rôle de cambrioleur, accumulant les erreurs, provoquant des scènes comiques très appuyées. Un anti-héros pétri de bonne volonté, qui abandonne son confort pour une juste cause. Un anti-héros à qui l’on doit s’attacher, forcément.
Le film suit la progression du livre, proposant un schéma très simple : une situation initiale, et un élément perturbateur qui va conduire le casanier Hobbit vers l’aventure. Thorin Écu-de-Chêne, le futur Roi spolié, est interprété par Richard Armitage. Le personnage devient à lui seul un hymne de beauté, de bravoure, apprenant le pardon et la confiance aux côtés d’un Bilbon qui se révèle courageux et altruiste. Ils se battent ensemble contre des Gobelins puis des Orques plus laids et mauvais les uns que les autres, sous un ciel de jais indiquant au spectateur la présence des forces du mal.
Les choix de mise en scène et de casting renforcent le manichéisme déjà présent dans le livre, très logiquement puisque Tolkien parlait lui-même de conte pour enfants, très différent de l’univers plus complexe et adulte du Seigneur des Anneaux.
Un spectacle visuel
C’était la promesse : en mettre plein les yeux. Et c’était aussi un impératif, puisque les longs plans de paysages qui ont fait la renommée du Seigneur des Anneaux permettent d’allonger cette première partie de trilogie. Et de se demander si Peter Jackson n’aurait pas un peu tiré sur la ficelle, en décidant de découper Bilbo en trois films plutôt qu’en deux, comme il était initialement prévu.
Concernant la technologie de l’HFR 3D en 48 images par secondes, bien peu de spectateurs pourront se faire un avis dessus, puisque toutes les salles ne sont pas équipées pour, et cette diffusion a été volontairement limitée à une cinquantaine de cinémas en France.
Il faut tout de même noter que les effets spéciaux sont très réussis, et applaudir l’amélioration des procédés de motion capture permettant à Andy Serkis de se transformer en Gollum.
L’avis des connaisseurs
À la sortie du cinéma, des groupes se forment, refaisant le film. Manon, 25 ans, connait son Tolkien sur le bout des doigts. Elle a trouvé que le film « respecte plutôt l’histoire du livre, même s’il y a quelques différences ». En effet, « la scène des trolls des montagnes a été changée », nous dit-elle, « chez Tolkien ils arrivent un par un, c’est plus drôle, et il n’y a pas d’histoire de vol de poneys ». Qui plus est, Manon nous interpelle sur le fait que « Gollum pose plus d’énigmes à Bilbon dans le livre. Je ne vois pas pourquoi les avoir enlevés, puisqu’ils ont complètement étiré toute l’action de l’histoire ».
Romain, 17 ans, se désigne comme un « puriste » de l’univers de la Terre du Milieu. Il déclare avoir « adoré », et a trouvé « sympa qu’on revoit Frodon au début », ce qui n’est pas le cas dans le livre, mais lie les deux trilogies pour une bonne compréhension de tous. Cependant, il avoue regretter certains choix trop esthétiques à son goût, comme « certains nains qui ne ressemblent plus à des nains ».
L’aventure n’est pas finie pour le Hobbit, puisque le deuxième opus, « La désolation de Smaug », sortira en France le 11 décembre 2013, et le troisième, « Le Hobbit : histoire d’un aller et retour » sera sur grand écran le 18 juillet 2014. Espérons tout de même que la suite du voyage sera réellement inattendue.
Daphné Cagnard
Crédit photo: Jeff Hitchcock (Flickr: Butterfly Catcher) [CC-BY-2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons