Cote d’Azur, été 1915. Le vent caresse le feuillage des arbres, le long de la Méditerranée. Enfourchant un vélo, petite lunette ronde vissée sur le nez, une jeune femme s’active sous le soleil provençal. L’astre au zénith fait danser les ombres sur sa robe orange et ses longs cheveux roux. Timidement, elle pousse le portail de la maison Renoir, qui s’ouvre dans un grincement strident. Le cadre est posé : le film de Gilles Bourdos sera sensoriel.
Derrière sa caméra, le réalisateur montre les couleurs, les lumières qui donnent vie au décor. Un cinéma picturaliste pour sûr. Dans ce cadre idyllique, il fait évoluer Andrée, la muse du peintre, remarquablement interprétée par Christa Theret. Une peau diaphane, des courbes généreuses ; la moindre parcelle de sa peau est montrée, scrutée, analysée. Renoir retrouve alors l’énergie qu’il n’attendait plus. Eprouvé par la perte de sa femme, les blessures de guerre de ses deux fils Pierre et Jean et les douleurs de son grand âge, le vieillard reprend goût à la vie aux côtés d’Andrée. Les bouleversements sont marquants : il reconnaît les erreurs du passé et assume enfin son rôle de père. Michel Bouquet, l’interprète de Renoir, laisse alors exploser son talent, dans la peau de ce vieux sage.
Renoir, c’est aussi une histoire d’amour sur fond de Première Guerre mondiale. Andrée tombe amoureuse du fils de son patron, Jean. Entre désir et raison, le cœur de ce dernier balance. Il finira par suivre la belle et embrassera le destin qu’on lui connaît ; celui d’un cinéaste de renom. La narration des différents moments de la vie de Renoir et de sa famille semblent cependant, n’être que des prétextes. Ce qui fait vibrer Gilles Bourdos, c’est avant tout, donner à voir au spectateur. L’intérêt esthétique supplante alors les thèmes évoqués dans le film, qui passent au second plan. Un parti pris évident, qui justifie sa sélection dans la catégorie « Un certain regard » au festival de Cannes de 2012.
Camille Wormser
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