Notre curiosité est chaque saison éprouvée. Des livres tout neufs envahissent les étales de nos librairies et certains piquent notre attention. On en a retenu quelques-uns qui sont pour nous les meilleurs candidats pour augmenter encore un peu plus haut les gratte-ciel de papier dans nos bibliothèques.
. Dirigeons nous d’abord vers les éditions 13e note. La jeune maison propose un catalogue toujours plus passionnant. C’est à eux que l’on doit par exemple la (re)découverte d’auteurs américains méconnus mais essentiels tels Dan Fante et Mark SaFranko. Les livres de 13e note sont d’abord de très beaux objets, ce qui compte car pour ça aussi, la séduction commence au premier regard. Et puis quand on tourne leurs pages on est jamais déçus. Cette année, 13e note nous propose notamment Los Angeles Nostalgie, compilation de récits noirs et authentiques du guitariste Ry Cooder dans le Los Angeles de Raymond Chandler.
. Pas loin de la beat generation chère à 13e note mais Chez Serge Safran Éditeur, Alexandre Mathis nous raconte, dans LSD 67, la vie du Quartier latin à Paris dans les mois qui précèdent Mai 68. Le livre est fortement emprunt de la propre expérience de l’auteur à cette époque. Mathis nous entraîne avec lui pour une intense aventure dans le brouhaha d’une jeunesse en quête de liberté et d’expérimentations, d’effervescence artistique et d’idéal politique.
. La Beat generation, Chandler sont des références que Philippe Djian ne renie pas non plus. Largement sous leur influence à ses débuts fracassants avec Bleu comme l’enfer et 37°2 le matin, Djian est peut-être aujourd’hui moins révolté, mais pas moins cinglant. Djian, de plus souvent au rendez-vous des rentrées littéraires, publie chez Gallimard son 26e roman, Love Song, portrait désenchanté d’un rocker cassé et qui ne croit plus à l’avenir du rock. Philippe Djian, qui est aussi le parolier de Stephane Eicher, est souvent caricaturé en « écrivain rock ». Il n’a peut-être là jamais été aussi proche de cette image ; sauf que là encore, de la même manière qu’il le martèle lui même à chaque entretien, le plus important, ce qui l’intéresse d’abord, c’est la langue, la grammaire et le style. Rare sont ceux qui à ce point, dans leurs discours en tout cas, font prédominer la question stylistique sur l’histoire. C’est parfois déroutant, mais jamais anecdotique, et le plaisir de la lecture est là.
. A chaque rentrée littéraire sa controverse. Cette année, elle est venue de Pierre Mérot. Toute la noirceur du monde, récit de la dérive extrémiste d’un prof à bout de nerfs dans la France actuelle, a longtemps été précédé d’une rumeur sulfureuse. La publication du livre a fait l’objet de moult rebondissements durant l’été, annoncé chez Stock, retiré du catalogue de l’éditeur suite au décès de son directeur Jean-Marc Roberts, et finalement récupéré par Flammarion, généralement pas avare en coups médiatiques.
Également en prise avec le monde moderne et le descripteur d’une société en pleine déliquescente, Tristan Garcia publie lui Faber le destructeur (Gallimard).
. Évidemment cette courte sélection ne résume pas une rentrée littéraire cette année encore foisonnante. Chantal Thomas (L’échange de princesses, Seuil), Pierre Lemaitre (Au Revoir là-haut, Albin Michel), Jean Hatzfeld (Robert Mitchum ne revient pas, Gallimard), Sorj Chalendon (Le Quatrième mur, Grasset), Véronique Ovaldé (La grâce des brigands, L’Olivier), Hélène Frappat (Lady Hunt, Actes Sud), Yannick Haenel (Les Renards pâles, Gallimard), Marie Darrieussecq (Il faut beaucoup aimer les hommes, P.O.L), Laura Kasischke (Esprit d’hiver, Chistian Bourgois), sont d’autres figures de proue partout très commentés et qui suscitent aussi chez nous un réel intérêt. Il va maintenant falloir trouver le temps de tout lire…
Benoit Thevenin