Depuis le premier janvier, l’Irlande, pays sous perfusion financière de la Troïka, a pris la tête du Conseil de l’Union Européenne pour six mois. Au programme : stabilité, croissance et emploi.
On avait longtemps qualifié l’Irlande de Tigre Celtique, du fait de sa forte croissance. Mais en 2008, l’Irlande est entrée en récession (PIB en recul de 2,1 %). Le chômage augmente jusqu’à atteindre 22% en 2011. Quant au déficit, il a explosé, jusqu’à représenter 9,5 % du PIB. Brian Cowen, premier ministre irlandais, a décidé de mettre en place une un premier plan d’austérité. Le Taoiseach devient vite impopulaire : 100 000 personnes manifestent à Dublin en février 2009. Son parti, le Fianna Fáil, perd les élections européennes quelques mois plus tard.
Fin 2010, le déficit représente 32 % du PIB. L’Irlande doit de nouveau repasser par la case rigueur fin 2010. Rigueur qui oblige l’Irlande à réaliser 15 milliards d’euros d’économies d’ici 2014. Et qui est la condition pour bénéficier de l’aide de 85 milliards d’euros du FMI et de l’UE. M. Cowen, critiqué tant dans le camp de l’opposition que dans son propre parti, dissout le parlement et convoque des élections anticipées.
Le 9 Mars 2011, Enda Kenny, du parti d’opposition, Fine Gael, devient premier ministre. Il prend quelques mesures symboliques (baisse de son traitement de 14 000 euros par an). M. Kenny renégocie le plan d’aide au cours d’un conseil Européen où il affiche son intention de ne pas relever le taux d’impôts sur les sociétés, un des plus bas d’Europe (12,5 %). Depuis, l’Irlande se porte mieux. Elle renoue avec la croissance, bien que faible et dépendante de l’extérieur. L’île doit retourner sur les marchés financiers d’ici à la fin de l’année, et c’est dans ce contexte que le pays dirigera la présidence du Conseil de l’UE.
Le gouvernement Irlandais aura la charge de préparer et conduire les réunions du Conseil. Un programme pour 18 mois a été établi avec la Lituanie et la Grèce, qui prendront la présidence après l’Irlande. Faute d’accord en novembre 2012, la question du budget 2014-2020 de l’Union reviendra sur la table. Il subsiste des désaccords sur la politique agricole, les dépenses de recherche et développement, et le financement des régions en développement. La présidence irlandaise souhaite aussi s’attaquer au chômage des jeunes. Un quart des actifs européens est sans emploi. Pour l’Espagne et la Grèce, le taux dépasse les 50 % (Eurostat, octobre 2012). Pour cela, elle veut promouvoir une croissance durable. Une croissance qui risque de ne pas être au rendez-vous cette année. La BCE table sur une contraction du PIB de 0,3 % pour la zone euro en 2013.
Marvin Nsombi
Photo: Seán (Licence CC)
Eh bien …