Le nouveau président du MEDEF sort grand vainqueur et rassembleur d’une élection qui aurait pu tourner à l’affrontement à couteaux tirés. Pierre Gattaz a été élu patron des patrons avec 95 % des voix à l’assemblée générale. Retour sur les faits marquants de cette élection.
Pierre Gattaz prend la succession de Laurence Parisot qui était à la tête du MEDEF depuis 2005. Elle voulait modifier les statuts du MEDEF afin de supprimer la limite du nombre de mandats à la présidence. Si l’assemblée générale extraordinaire avait voté la modification statutaire, elle aurait pu se présenter pour un troisième mandat. Mais le conseil exécutif a rejeté fin mars, à une voix près, la convocation de l’AGE. De nombreuses voix s’étaient contre cette modification. Le premier d’entre eux à s’opposer, c’est le nouveau patron des patrons. La campagne qui le mènera vers la victoire commence ainsi.
Au six mai dernier, cinq candidats étaient déclarés : Patrick Bernasconi, président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), Pierre Gattaz, patron de Radiall, Geoffroy Roux de Bézieux, président fondateur du groupe Omea (Virgin Mobile), Thibault Lanxade, patron d’Aqoba et Hervé Lambel, patron de HDLC. Les candidats enchaînent propositions radicales et soutiens de poids. Le PDG de Virgin Mobile pouvait se targuer du soutien de 300 chefs d’entreprises, dont une trentaine côtés en bourse. Quant à Pierre Gattaz, il a reçu le ralliement de Frédéric Saint-Geours (qui a renoncé à se porter candidat), et celui de la puissante UIMM (union des industries des métiers de la métallurgie). Il a aussi obtenu le soutien de la fédération bancaire française.
C’est finalement le 13 juin qu’il est sûr de gagner l’élection. Geoffroy Roux de Bézieux et Patrick Bernasconi rallient sa candidature. Les rôles clés sont distribués : le premier sera vice-président délégué et trésorier, en charge de l’économie, de la fiscalité, de l’innovation et du numérique et le second sera vice-délégué en charge des mandats, des branches et des territoires. Ils souhaitent un « Medef ouvert, efficace, démocratique au mode de fonctionnement parfaitement transparent. » Gattaz a désormais pris la tête du Medef, comme son père Yvon celle du CNPF (conseil national du patronat français) en son temps (1981-1986). Les syndicats de salariés estiment que son élection tend les relations entre les partenaires sociaux et les relations avec le gouvernement. Il réclame déjà 100 milliards d’euros de baisse de cotisations sociales et d’impôts sur les entreprises sur cinq ans, et s’oppose à tout projet de taxe écologique.
Marvin Nsombi