Elles jouent habituellement un rôle moteur dans l’économie. En effet, elles sont chargées de la création monétaire. Depuis la crise, leur rôle s’est renforcé. ParlonsInfo décrypte les actions de la banque centrale américaine (la Federal Reserve) et de la Banque Centrale Européenne.
Ben Bernanke, le président de la Réserve Fédérale – Source : Gouvernement américain
Le Quantitative Easing : 45 milliards de dollars injectés chaque mois pour soutenir la croissance américaine.
Ben Bernanke est certainement l’homme le plus écouté par la finance. Qu’il dise un mot et les marchés bougent à la hausse ou à la baisse. A la tête de la Fed depuis 2006, reconduit par les parlementaires américains en 2010, l’homme à la barbe blanche a permis le soutien de la croissance américaine grâce au Quantitative Easing (assouplissement quantitatif, souvent écrit QE). Par cette politique monétaire non conventionnelle, elle imprime des dollars pour racheter les actifs pourris des banques américaines (les titres de créances que les banques possèdent et qui n’ont quasiment plus de valeur), de sorte d’injecter de l’argent frais dans l’économie américaine. Ainsi, 45 milliards de dollars sont imprimés chaque mois, dans l’objectif de faire passer le chômage sous les 6,5 %. Il met en application la préconisation de l’économiste Friedman, selon laquelle il faudrait larguer de l’argent depuis un hélicoptère pour combattre la déflation (la baisse durable des prix). Une préconisation qu’il cita dans un discours de 2002, lui valant par la suite le surnom d’Helicoptère Ben.
Par ailleurs, la banque centrale américaine a maintenu son taux directeur (le taux auquel elle prête aux banques) à un niveau bas, quasiment nul depuis avril 2011. Et même s’ils étaient nombreux à critiquer cette politique accommodante – la Chine accusait les USA de dévaluer leur monnaie artificiellement, les Etats-Unis ont connu une croissance annuelle moyenne du PIB de 4 % depuis sa mise en place, malgré le ralentissement économique mondial. L’action de la Réserve Fédérale explique certainement une partie de cette croissance. En janvier 2014, Bernanke sera remplacé. Il est n’est pas encore certain qu’un QE3 sera mis en place. Cette incertitude fait hésiter les marchés américains, dont les deux indices phares (le Dow Jones et le S&P 500) vibrent au rythme des minutes de la Fed, les compte-rendus des réunions de l’institution.
Mario Draghi, le président de la BCE – Source : World Economic Forum.
Un changement de cap à la BCE : vers une intervention directe pour sauver les Etats ?
Du côté de Francfort, une action semblable à celle de la Fed est théoriquement impossible à réaliser en vertu des articles 2, 105 et 108 du traité instituant la Banque Centrale européenne (1999). Cela ne signifie toutefois pas que la BCE ne fait rien pour parer à la crise des dettes dites « périphériques » (Grèce, Portugal, Irlande, Chypre, etc.). Le rachat de dettes d’État se fait par le biais du MES (Mécanisme Européen de Stabilité) ou du FESF (Fonds Européen de Soutien Financier). Des programmes de rachats limités d’obligations ont été mis en place depuis 2010 dans le but de préserver la monnaie unique de la spéculation. Le dernier d’entre eux, l’OMT (Outright Monetary Transactions), a été mis en place il y a moins d’un an. Pour y avoir accès, les pays qui empruntent sur les marchés financiers et dont les taux d’intérêts s’envolent doivent en contrepartie accepter un lot de réformes et faire une demande auprès du MES et du FESF. Pour l’heure, aucun pays n’en a formellement fait la demande.
L’arrivée de Mario Draghi, ancien de Goldman Sachs, à la BCE a sonné le début d’une révolution dans la communication par rapport à son prédécesseur français, Jean Claude Trichet. L’institution européenne pourrait, à l’image de son homologue transatlantique, publier le compte-rendu de ses réunions. Benoît Coeuré et Jörg Asmussen, membres français et allemand du directoire de la BCE, déclaraient au Figaro et au Süddeutsche Zeitung qu’ils étaient favorables. « Nos sociétés sont très demandeuses de transparence et de responsabilité. Personnellement, je pense donc que la BCE devrait commencer à publier les comptes rendus de ses réunions rapidement », a dit Coeuré lors de cet entretien. La BCE mène une politique accommodante qui rassure pour l’instant les investisseurs, et une politique de transparence, visant à rendre publics les débats qui ont lieu en son sein.
Les taux directeurs aux États-Unis et dans la zone Euro – T. Steiner, licence CC.
Marvin Nsombi