Longues plages cristallines, lagons bleu turquoise, sable fin et maisons sur pilotis. La vision occidentale considère la République des Maldives comme l’exemple typique de l’archipel paradisiaque. Composée de ces quelques 1 200 petites îles avec pour capitale Malé, nous pourrions croire à une station balnéaire entièrement touristique, dénuée de tout gouvernement. Mais derrière cette carte postale idéaliste se cache un tout autre monde, bien plus sombre, où la loi en vigueur est stricte. De l’autre côté du miroir se trouvent la peine de mort, des sanctions violentes et l’entière application de la Charia.
L’envers du décor des Maldives : l’enfer au paradis
L’islamisme radical orchestre le quotidien des Maldiviens. Le gouvernement applique la « sariatu » en divehi qui renvoie à la loi islamique, la Charia. Il est vrai que pour la plupart des étrangers, peu font le rapprochement entre ces îles paradisiaques et l’application de ce code de loi.
Pendant que les touristes sirotent leur cocktail, la place centrale est animée par des lapidations en public. Hommes et femmes sont fouettés à coup de « dhurra » pour adultère. En mai dernier, une femme ayant même été victime d’un viol collectif se vit récompenser de cette dénonciation par 150 coups de fouets. La liberté d’expression frôle l’inexistence. La crique de Malé interdit le port du maillot du bain. Les mariages précoces sont de plus en plus nombreux, mariant certaines jeunes filles dès l’âge de 9 ans. Un islam radical connait une expansion aux Maldives.
Le gouvernement Maldivien agit dans l’ombre. Cependant, la polémique éclate au printemps 2014 lorsque le président Abdulla Yameen Abdul Gayoom déclare que « le meurtre doit être puni par le meurtre » afin de justifier le rétablissement de la peine de mort dès l’âge de 7ans, l’exécution ayant lieu le jour du 18ème anniversaire. La consommation d’alcool et l’homicide sont donc passibles de la peine de mort. Selon l’article 11, « la personne concernée doit rester en prison jusqu’à ce que la sentence soit exécutée ». Seuls ces propos et cette restauration de la peine maximale infligée à des mineurs ont su tirer la sonnette d’alarme des conditions de vie des Maldiviens. Cette décision arbitraire est en effet contraire aux conventions internationales des droits de l’Homme et des droits de l’enfant. Le Haut-Commissariat des Nations Unies a fait part de sa « profonde inquiétude » tandis que la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) considère la peine de mort comme « une atteinte énorme aux droits de l’homme fondamentaux ». Jacques Maillot, fondateur de l’agence de voyage Nouvelles Frontières, a tenu quant à lui à réagir à l’encontre du gouvernement Maldivien. « Les seules ressources de cet île c’est le tourisme […] Il y a moyen d’asphyxier le pays et d’arriver à renverser le pouvoir en place. […] Je lance un appel aux voyagistes, aux compagnies aériennes pour une réaction immédiate ! », déclare-t-il sur l’antenne de RMC en mai 2014. Tel est donc le message : inciter les touristes à boycotter cet archipel. Aucune autre réaction, aucune action ou commentaire de la part d’autres organismes afin de condamner cette affreuse loi. Les agences de voyages ferment elles aussi les yeux sur cet évènement et vendent les Maldives comme le lieu idéal.
Au mois d’avril dernier, le quotidien The Indian Express informait que près de 200 Maldiviens seraient partis ces derniers mois combattre en Syrie et en Irak. Il est vrai, les Maldives ont vu fleurir sur des murs différents graffitis relevant de l’Etat Islamique ou de son acronyme Daech. L’archipel disposerait d’îles avec différentes fonctions : l’île du président, l’île-école, des îles prisons… et certaines qui seraient le refuge de certains djihadistes. Cependant, cette menace que génère les Maldives n’est pas spécialement exploitée en profondeur afin d’éviter une situation similaire à l’attentat de Sousse, en Tunisie le 26 juin dernier. Le quotidien indien a en effet révélé une inquiétude de plus en plus grande de voir les touristes occidentaux, dans des hôtels isolés, une nouvelle fois pris pour cible.
Les Maldives ou la carte postale idéale du paradis sur terre
De l’autre côté, les touristes venus du monde entier explorent le bleu ciel de l’Océan Indien. Les sports nautiques et la faune sous-marine sont les atouts majeurs de l’île tant le climat y est bon. Un éden en quelque sorte, où le repos est plus qu’agréable. Certains touristes français ayant parcouru des îles maldiviennes y décrivent une « explosion de couleurs ». « J’ai fêté ma nuit de noce aux Maldives il y a quelques mois maintenant, il n’y a pas meilleure destination pour fêter son union ! On se sent comme les rois du monde entouré d’un somptueux décor ! Si j’ai l’occasion d’y retourner, je le fais sans hésiter ! », nous confie Agnès, âgée de 28ans. Cependant, Agnès n’a pas rencontré de Maldiviens habitant le territoire. Deux mondes totalement contraires régissent en fin de compte les Maldives : celui des touristes et celui des Maldiviens. Le touriste ne connaît donc pas l’envers du décor. Il n’entend pas parler du régime autoritaire qui y sévit et il ne le voit pas non plus le long de son séjour, car selon Mediapart « tout a été organisé dans le pays pour interdire aux touristes l’accès aux îles où les Maldiviens vivent, et éviter ainsi des relations entre les habitants et les étrangers ». Les touristes peuvent simplement constater la prohibition de l’alcool : sa consommation mais aussi sa présence même sur le territoire y est interdite. L’appel au boycott Jacques Maillot reste donc, pour le moment, sans voix…
Cette superficie paradisiaque de 227, 45km² soulève alors un véritable paradoxe : d’un côté un éden de première classe, de l’autre une vie imposée par l’application de lois extrêmes. Les Maldives seraient-elles le prochain lieu d’un drame international ?
Philippine Domenech