Dans un climat de crise économique et de défiance envers les politiques, des partis et candidats peu connus peinent encore et toujours à faire entendre leur voix. Parlons Info a rencontré François Asselineau, fondateur et président de l’UPR, l’Union Populaire Républicaine.

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Diplômé d’HEC puis de l’ENA, François Asselineau mène parallèlement à ses activités politiques la profession d’inspecteur général des finances. Il a travaillé pour des cabinets ministériels sous le gouvernement de Balladur de 1993 à 1995 et sous les deux gouvernements Juppé de 1995 à 1997. Candidat lors des présidentielles de 2012, il n’a pas pu obtenir les 500 signatures.


Parlons Info: Pouvez-vous nous présenter votre parti ?

François Asselineau: C’est un parti que j’ai créé le 25 mars 2007. J’insiste toujours sur cette date parce que même nos adversaires les plus acharnés ne peuvent la contester et parce qu’elle est un symbole. C’était le jour même du 50ème anniversaire du traité de Rome ayant eu lieu le 25 Mars 1957. Ce jour-là, j’ai créé ce parti politique pour appeler les français à sortir de l’Union Européenne; c’est la première grande spécificité de notre mouvement. Le but était de profiter de cet anniversaire pour attirer l’attention sur le programme du traité de Rome. J’insiste beaucoup là-dessus car les événements étant ce qu’ils sont depuis maintenant six ans et trois mois, de plus en plus de mouvements politiques commencent à se rapprocher de ce que nous avons dit dès le départ.
La seconde spécificité de l’UPR est que nous n’avons jamais fait mystère de nos objectifs. C’est un mouvement politique que j’ai créé après avoir été au RPF (NDLR: Rassemblement pour la France) de Pasqua parce que j’avais découvert le monde du souverainisme et j’ai découvert que les souverainistes, qu’ils soient de droite ou de gauche, en réalité, comme disait de Gaulle, ne savent pas ce qu’ils veulent, et ne veulent pas ce qu’ils savent. On est dans une situation politique en France où tout le monde – tous les partis politiques sans exception – critique la construction européenne mais personne n’en tire la conséquence nécessaire. Tout le monde propose son propre projet d’Europe. Ils ne sont pas d’accord déjà rien qu’en France et prétendent qu’ils vont faire avaler ce projet d’Europe aux 28 autres pays.
Nous avons toute une série d’originalités dans notre analyse. La première originalité est l’absence totale d’ambiguïté sur notre objectif: nous voulons sortir la France de l’Union Européenne par la dénonciation du traité de Rome et de tous les traités ultérieurs. Nous voulons sortir de l’euro pour rétablir le franc français comme c’est déjà arrivé plusieurs fois dans notre histoire. Et nous voulons également sortir de l’OTAN. Notre programme ne se résume pas à cela. Il a été accompagné de tout un appareil de propositions que j’ai proposées ultérieurement, donc quatre ans après la création du mouvement.
Nous insistons en particulier sur le fait que ni le Front National, ni le DLR (NDLR: Debout la République) de Nicolas Dupont-Aignan, ni a fortiori des mouvements comme le Parti de gauche ou les partis d’extrême gauche, ne proposent clairement ce que nous proposons. Contrairement à tous les autres politiques, nous expliquons la situation. Les autres ne l’expliquent pas: ils disent que ça marche mal mais c’est tout.

PI: Pensez-vous que c’est plutôt de la malhonnêteté ou de la faute, dans le sens où les politiciens eux-même ne comprennent pas bien la situation actuelle ?

FA: Je pense qu’il y a un mélange de plusieurs éléments dans une espèce de cocktail dont le pourcentage des ingrédients varie selon les personnalités: entre ceux qui savent et qui veulent pas dire, entre les malhonnêtes ou les lâches, et entre les ignorants qui ne savent pas mais qui parlent quand même.
Notre mouvement va au fond des choses. Nous expliquons contrairement à l’ensemble du reste de la scène politique française que la construction européenne n’est pas une invention française – telle qu’on ne cesse de le répéter aux français du berceau jusqu’à la tombe – qui se réduit à Robert Schumann. Nous expliquons qu’en fait, c’est une idée qui a été conçue par les États-Unis d’Amérique après la Seconde Guerre mondiale. Ils ont repris des idées préalables existant depuis plusieurs décennies, et en particulier des projets qui avaient été ceux d’Adolf Hitler lui-même dans son projet de nouvelle Europe qu’il avait fait mettre en musique notamment par son juriste nazi Walter Hallstein. Ce dernier est d’ailleurs ensuite devenu président de la commission européenne.
A la chute du 3e Reich, les Américains ont repris dans l’opération Paperclip toute une série d’anciens dignitaires nazis dans le domaine scientifique, juridique etc. Ils ont ainsi repris, par exemple, à leur compte le projet « Europe nouvelle » avec une forme à peine différente. Le projet de commission européenne, c’est à dire une structure totalement anti-démocratique et où il n’y aurait personne d’élu et qui imposerait des choses au peuple, a été conçu sous la période nazi. Nous expliquons aussi pourquoi les Américains l’ont fait. Ils l’ont fait non seulement pour imposer une certaine pax americana en Europe mais surtout pour dominer le continent. Avec ce que j’appelle dans mes conférences, un système auto-bloquant. C’est l’application d’un stratagème chinois, qu’est le stratagème des chaines. Quand vous forcez 28 États à se mettre dans une salle et à dire vous en sortez quand vous serez d’accord sur tous les sujets, vous repassez 60 ans après, les gens continuent à s’engueuler. C’est exactement ce qui se passe; et cela permet à Washington de piloter l’affaire.
Troisième particularité de notre mouvement: à la différence de tous les autres mouvements politiques, nous considérons que la construction européenne est nocive en soi. Car on ne peut pas avoir de débat dans une démocratie si l’on a pas de peuple. Il n’y a pas de peuple européen et aucun sentiment de solidarité; la base n’y est pas. On ne peut balayer deux mille ans d’identités propres. Une telle union en Amérique du Nord fut possible uniquement car le continent se constituait de récents immigrés notamment.

PI: Et comment voyez-vous les affaires d’espionnages en communications électroniques à l’encontre de l’Europe par les États-Unis ?

FA: C’est un signe de vassalisation complet. Depuis que cette affaire a éclaté, on a encore eu une nouvelle vague d’adhésion à notre mouvement. Plus les années passent, plus les informations sortent à la surface et montrent que ce sont les Américains qui ont initié tout cela.
Autre chose qui nous distingue radicalement d’une pensée conformiste: l’UPR s’oppose aux critiques disant que si l’on est contre la construction européenne et en même temps pour la sortie de l’Europe, alors c’est que l’on est d’extrême droite, et alors c’est que nous n’avons pas compris le monde, que nous voulons refermer la France sur elle-même…
Nous disons exactement le contraire, si l’on veut quitter l’Europe, c’est pour rouvrir la France sur le monde. On vient de le voir avec l’ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden qui a révélé l’espionnage électronique américain sur l’Europe. La construction européenne nous met pieds et poings liés à Washington. On s’est plus que ridiculisé dans cette affaire parce que la France a interdit le survol d’un avion d’un pays latino-américain au motif qu’il y aurait peut-être dans cet avion – l’avion d’Evo Morales – un Américain qui a eu le courage de fuir son pays pour expliquer que la France était espionnée par les États-Unis. C’est-à-dire que normalement on devrait protéger ce type mais en plus on était là pour le fourguer aux Américains. Donc sur cet exemple, on voit que la France en réalité se coupe du monde et se rattache aux seuls États-Unis.
Il peut être aussi précisé que là où 2% environ de l’ensemble des Français sont expatriés, 6% de nos adhérents le sont et viennent donc d’Allemagne, Canada, États-Unis, Japon…. Ces adhérents, en majorité jeunes, donc formatés par l’enseignement commun sur le fait que l’Europe est fantastique, se rendent compte de la justesse de nos analyses. C’est-à-dire que la construction européenne n’ouvre pas sur l’extérieur mais au contraire nous referme.

PI: Qu’apporte en plus le fait d’aller à l’étranger ?

FA: Cela permet de découvrir quand vous êtes au Japon que la France a des liens avec le Japon beaucoup plus importants qu’avec la Lettonie, pays membre de l’UE. Ce qui se cache derrière la construction européenne est en fait un apartheid planétaire qui ne dit pas son nom. Voilà. Et de ce point de vue là, nous révolutionnons la pensée politique française puisque l’on prend tout le monde à contre-pied. Les gens de gauche qui veulent se prétendre internationaliste, finissent en réalité par approuver les bombardements, les guerres illégales en Libye ou la déstabilisation du régime syrien. Nous, c’est aussi l’une de nos particularités: la construction européenne, en fait, est une vision ringarde de l’univers. C’est la suprématie du monde blanc; c’est le fameux discours de Victor Hugo sur les États-Unis d’Europe qui en fait fait un appel à la colonisation du monde . Et je cite Victor Hugo qui dit en 1848: «pour rendre l’Afrique à l’homme et l’Asie à la civilisation». C’est fascinant de voir que pour Victor Hugo, quand il parle des États-Unis d’Europe, il veut rendre Afrique à l’homme, sous-entendu les Africains ne sont pas des hommes. Et l’Asie à la civilisation sous-entendu les civilisation asiatiques n’en sont pas vraiment.

PI: Maintenant, abordons un autre point. On parle beaucoup aujourd’hui de crise politique dans le sens qu’il y a rupture entre l’électorat et les élus. Il y a beaucoup de remise en cause. Le FN apparaît souvent comme un troisième choix face à l’UMP et au PS qui ont eu des bilans très contestés suite aux dernières présidentielles. Et vous, au milieu de tout cela, vous peinez à faire entendre votre voix. Quel est votre point de vue sur le système politico-démocratique et quelles solutions voudriez-vous apporter pour l’améliorer ?

FA: Le problème auquel on est confronté, c’est qu’il est impossible de parler d’un système politique sans parler dans la foulée du système médiatique. Il y a une corrélation absolue qui a été mise à jour par les Américains entre le nombre d’heures de passage à la télévision d’un parti politique, et le nombre de voix qu’ils récoltent dans les urnes. On l’a encore vu début début 2012, avec les statistiques du CSA: le classement du nombre d’heure à la télévision s’est vu être le même exactement que le classement des urnes.

PI: En comptant le nombre d’heures passées à la télévision avant le quota imposé par les ensuite candidats officiels des 500 signatures ?

FA: Oui, à partir du mois de janvier. Dans les derniers jours, il y a la campagne officielle où là, théoriquement – ce qui d’ailleurs n’est pas respecté non plus -, il y a une égalité entre les concurrents. Mais pendant tous les mois qui précèdent, il y a inégalité forte. Cela montre qu’en réalité, ceux qui gagnent les élections, ce sont les gens qui tiennent les médias. Or en France, on donne la parole à des partis qui ne sont en fait pas de vrais partis politique car n’ont pas de vision particulière de la situation. Ce sont en fait des syndicats de placement, des gens qui font semblant de s’opposer. On voit bien qu’en ce moment l’UMP et le Parti socialiste essayent désespérément de trouver des points de divergence. Ils se saisissent alors de sujets subalternes comme le mariage pour tous. Ou des sujets sur l’immigration, et en même temps, on cache que la question de l’immigration n’appartient de toute façon plus aux Français depuis le traité d’Amsterdam. Ce sont donc des sujets de leurres où l’on tourne l’attention de l’opinion publique. Le Front National et le Front de Gauche ont été promus par le système comme des soupapes de sécurité. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils s’appellent front et front. Dans un cas comme dans l’autre. Il s’agit de faire s’affronter les Français selon une ligne de clivage droite/gauche qui n’a plus d’actualité actuellement puisque – c’est aussi une spécificité de notre mouvement – nous, nous expliquons qu’il n’y a plus de débat droite/gauche puisqu’en fait tous les grands choix économiques, politiques, budgétaires, diplomatiques, stratégiques sont en réalité décidés par la commission européenne en application des traités européens. C’est donc une mascarade. On fait voter les Français alors que ça n’a pas plus d’importance.
Je me permets d’insister sur le fait que le Front National et le Front de Gauche sont constamment promus dans les médias, surtout le FN, comme une solution alternative. La prétendu montée en puissance du FN est également un leurre. Dans la dernière élection du Lot et Garonne au premier tour par exemple, le FN a fait un pourcentage inférieur au nombre de voix de madame Le Pen il y a un an. En 2012, madame Le Pen a fait 17,8%. Je rappel qu’au premier tour de 2002, son père, certes, avait fait un peu moins avec 16,3% mais il y avait Bruno Megret qui avait fait plus de 3%. Donc l’extrême droite avec Lepen et Megret faisait 19,2%. C’est vrai que le FN en ce moment est plutôt haut; mais il est aussi vrai qu’il ne peut pas – par une espèce de plafond de verre dans la société française – aller au delà de 18-20% au niveau national. Et justement, le FN n’a jamais dépassé les 18% depuis sa création il y a 40 ans.
La difficulté dans laquelle nous sommes, c’est qu’on a le sentiment d’apporter réellement un mouvement nouveau car nos analyses sont radicalement nouvelles. Nos propositions le sont aussi. Nous sommes partis de zéro et sommes montés sans jamais passer sur TF1, France 2, France inter, France info, RTL, RMC. Aujourd’hui, nous avons réussi à dépasser le nombre d’adhérents du NPA d’Olivier Besancenot, et à en  avoir presque autant que le DLR de Dupont-Aignan.
Cela a été possible justement car nous apportons aux gens une offre politique nouvelle. Le problème est que nous ne sommes pas référencés. Les médias ne veulent pas nous mettre en tête de gondole.

PI: Vous n’avez pas pu obtenir de page française sur Wikipédia; alors que vous en avez une dans d’autres langues. Jusqu’où vont donc ces limites ? Est-ce le seul rôle des médias?

FA: Wikipédia est une affaire plutôt malheureuse. Il y a eu une volonté de nuire. Quand j’ai créé mon mouvement politique à l’automne 2007, nous avons créé une page Wikipedia sur moi et sur l’UPR. A l’époque, d’ailleurs, j’étais encore élu conseiller de Paris, j’avais été directeur de cabinet de ministre, je suis inspecteur général des finances. Et nous avions fait une page qui était tout à fait dans les lignes de Wikipédia: à titre non promotionnel mais informatif. Et puis, il y a eu quelques semaines après, un procès en non représentativité qui a été ouvert contre nous. Et il a été jugé que nous n’étions pas représentatif. Il est vrai qu’à l’époque, c’était un petit mouvement politique avec quelques dizaines d’adhérents mais enfin le but même d’une encyclopédie, surtout qui n’est pas contrainte par de l’espace, est de rendre compte de tout ce qui existe. Nous avons laissé passer plusieurs années puis comme on s’est considérablement grandi, on a fait une fiche en anglais. Un procès a été ouvert mais cette fois il a été perdu par les opposants. Nous l’avons aujourd’hui comme vous l’avez dit dans de nombreuses langues et Wikipédia France refuse toujours. Tout ça est indigne et participe quand même, qu’on le veuille ou non, à une volonté de censure évidente. En définitive, cela ne nous gène plus tellement car c’est Wikipédia qui se décrédibilise complètement et cela nous ramène du soutien car les gens voient bien que c’est quand même inouï. Sur le sérieux site de statistique international «Alexa Ranking», qui permet de mesurer le flux de consultations, nous sommes actuellement le 4e site politique français le plus consulté. Nous arrivons après l’UMP, le PS et le FN et devant le Front de Gauche.

Propos recueillis par Yonathan Van der Voort