Plusieurs semaines après que le Président de la République ait mis fin aux fonctions de Delphine Batho, nous revenons sur la politique écologique du Gouvernement.

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Bureau de l’hôtel de Roquelaure, Ministère de l’écologie. (Photo : Tiraden – Licence CC)

Un « mauvais » budget selon D. Batho

Le 2 juillet dernier, la ministre de l’écologie était remerciée par le Président de la République. Le Premier Ministre l’avait convoqué par après qu’elle ait qualifié de « mauvais » le budget 2014 au micro de RTL le matin même. Sa déclaration faisait suite à la baisse du budget de l’écologie de 7 %. Le sénateur EELV Jean-Vincent Placé estimait au micro de BFM TV que la mesure est injuste : « Quand j’entends le nombre d’âneries qu’a pu proférer M. Montebourg depuis 18  mois, je me dis que dans ce gouvernement, il y a deux poids, deux mesures ! » Le ministre du redressement productif n’a jamais eu à s’inquiéter, malgré ses nombreuses sorties et déclarations : contre Renault, contre la politique menée par Jean-Marc Ayrault, etc. Au cours de la conférence de presse qu’elle a tenue deux jours après son éviction, Delphine Batho sous-entendait que « certaines puissances économiques […] ne se sont pas cachées de vouloir [sa] tête. » Jean-Marc Ayrault se défend d’avoir cédé à toute forme de pression : « l’acte budgétaire est un acte central », et si une ministre dit publiquement que le budget n’est pas un bon budget, « il y a un problème politique, un problème de cohérence, un problème de solidarité gouvernementale. »

 

Le gouvernement annonce six milliards d’euros sur la table

Selon le premier ministre, Mme Batho  n’aurait pas dû s’en prendre au budget. Mais est-il si mauvais que  cela ? Les derniers arbitrages n’étaient pas en faveur de l’écologie, ce qui explique la déclaration de Mme Batho. Philippe Martin, son successeur promet « des actes ». A l’Assemblée nationale, le premier ministre a annoncé le 10 juillet dernier que la moitié des investissements d’avenir sera consacrée à « des investissements directs et indirects pour la transition écologique. » Le gouvernement met six milliards d’euros sur la table pour financer sa politique écologique (dont 2.3 financent directement la transition écologique). En 2011, 13.1 % de la consommation brute d’énergie était du renouvelable. L’objectif fixé par une directive européenne est de tendre vers les 23 % à l’horizon de 2020. Cela passera par le développement du photovoltaïque, de l’éolien, des biocarburants, etc. Mais cela passera aussi par de nouvelles taxes. « La transition écologique doit se mesurer dans les faits, et un de ces faits est la fiscalité écologique » déclarait Cécile Duflot, le jour du limogeage de Mme Batho. Les ministres écolos se gardent toutefois bien de toute critique sur le budget. Leur participation au sein du gouvernement n’est d’ailleurs pas remise en cause. Même si le président de la République désire la stabilité fiscale en 2014, il faudra préparer les esprits au retour d’une taxe carbone, celle que Nicolas Sarkozy n’a pu mettre en place à cause d’une censure du conseil constitutionnel, ou à la réduction des avantages du diesel par rapport à l’essence.

Marvin Nsombi