Depuis quelques temps, l’actualité très dense en Syrie laisse moins de place aux événements qui se déroulent en Égypte. Tour d’horizon des journaux en ligne qui évoquent le sujet.
Lemonde.fr revient sur la marche arrière du premier ministre par intérim, Hazem El-Beblaoui. Il a finalement pris la décision de ne pas interdire les Frères musulmans dans son pays. « Dissoudre le parti ou le groupe n’est pas la solution (…), il est préférable pour nous de [le] surveiller dans le cadre d’une action politique », a-t-il déclaré. « C’est mauvais de prendre des décisions dans une période agitée », a-t-il ajouté. Le site d’information relève aussi que des tensions agitent toujours le pays. Dernier rebondissement en date, l’arrestation du Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, le 21 août. Des manifestations de la confrérie sont prévues demain après la grande prière.
Pour comprendre cette décision de ne pas interdire les Frères musulmans en Égypte, il faut se rapporter à l’article de Rfi.fr. Ce dernier explique clairement les négociations en cours, via des médiateurs islamistes, entre le gouvernement et la confrérie. En contrepartie de la libération de Frères musulmans, le pouvoir en place pourrait compter sur l’organisation panislamiste afin de planifier un amendement de la Constitution et des élections parlementaires et présidentielles.
De son côté, le Parisien.fr s’intéresse aux manifestations prévues demain par les partisans du président islamiste destitué par l’armée, Mohamed Morsi. « Nous accueillons favorablement les appels à l’apaisement mais nous allons continuer à manifester pacifiquement », a déclaré jeudi dans une conférence de presse Salah Jomaa, l’un des membres de l’Alliance pour la Démocratie et contre le coup d’État, composée essentiellement de Frères musulmans. Le site d’information rappelle le bilan des violences. Plus d’un millier de personnes – essentiellement des manifestants pro-Morsi – ont été tuées durant la seule troisième semaine du mois d’août dans la dispersion de leurs rassemblements, et plus de 2.000 arrêtés, dont les principaux dirigeants des Frères musulmans.
Hissan Abd El Rahman, 27 ans – dont seize au sein de la confrérie – est le porte-parole du groupe « Frères musulmans sans violence », qui bénéficie de l’appui de nombreux chefs de bureaux régionaux pour supplanter l’aile plus radicale de l’organisation. Son interview sur le Point.fr est intéressante car elle permet de comprendre les dissensions au sein de la confrérie. Il exprime notamment ses désaccords avec Mohammed Badie (l’ancien chef de la confrérie, aujourd’hui placé en détention préventive, NDLR) et montre sa volonté de dialoguer avec le gouvernement de transition. Il demande notamment la fin des arrestations arbitraires et la libération de Mohammed Morsi. Enfin, Hissan Abd El Rahman martèle dans l’interview l’importance que représente la jeunesse au sein de son groupe afin de prendre la relève.
Lacroix.com préfère se concentrer sur les Coptes de Minya en Haute-Egypte. Ils sont très remontés contre les partisans de président destitué Mohamed Morsi. Depuis la mi-août, ils se disent victimes de nombreuses violences. Les Coptes, qui représentent quelque 10 des 80 millions d’Égyptiens, avaient déjà subi des violences dans l’histoire récente, mais jamais de campagne aussi systématique. Les islamistes les accusent de soutenir les opérations des militaires pour écarter les Frères musulmans du pouvoir. « Je dis aux islamistes qui nous ont attaqués que nous n’avons pas peur de leur violence et de leur volonté d’exterminer les Coptes », martèle Mgr Bostros Fahim Awad Hanna, archevêque de Minya.
Ludovic Bayle
Photo: Flickr/Licence CC
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