Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Paris ce mercredi 23 juillet à l’appel du Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens. Malgré les craintes de débordements suite aux événements de Barbès et de Sarcelles ce weekend, le cortège s’est déroulé dans le calme.

La manifestation doit démarrer à 18h30 mais une demi-heure avant le départ, les manifestants sont déjà présents en nombre à Denfert Rochereau. Ils sont venus à l’appel d’un collectif composé de dizaines d’associations, syndicats et partis, dont l’Association France Palestine Solidarité, la Ligue des Droits de l’Homme, le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, la CGT ou le PCF.

Le début du cortège propalestinien. ( © D.B. / ParlonsInfo )

Le début du cortège propalestinien. ( © D.B. / ParlonsInfo )

Dans une foule très variée, les drapeaux palestiniens sont omniprésents et côtoient ceux des partis politiques et syndicats présents, et même quelques drapeaux marocains ou français. Les slogans fusent dans la foule critiquant essentiellement Israël – et nommément Benyamin Netanyahou – et accusant l’exécutif français de complicité : « Hollande et Valls complicité, Netanyahou atrocités », « Israël, casse-toi, la Palestine n’est pas à toi! » ou encore « Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine. » En queue de cortège, quelques timides « Hamas résistance, djihad résistance » sont entendus mais guère repris, et au micro, les appels au respect et au calme sont entendus. Au cours de la manifestation, nous ne sommes témoin d’aucun slogan antisémite.

© D. B. / ParlonsInfo

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Car c’est bien la hantise des organisateurs et d’une grande majorité des participants de la manifestation : que de nouveaux débordements aient lieu, comme c’était le cas à la fin de la manifestation officielle précédente et surtout le week-end dernier à Barbès et à Sarcelles. Bachir, un manifestant qui était aussi présent à la manifestation interdite de Barbès, semble satisfait que le cortège se déroule cette fois-ci dans le calme. Il reste marqué par les évènements de samedi : « C’était Bagdad« , nous explique-t-il. Selon lui, « Barbès, Sarcelles, c’est mal parti à cause des interdictions. » Il est très critique envers les casseurs qui, précise-t-il, « [n’]étaient pas des jeunes de Barbès« .

Françoise, une autre manifestante qui se dit très à gauche sans être militante d’un parti, se satisfait aussi du déroulement calme de la manifestation car quand ce n’est pas le cas, « on parle plutôt [des casseurs] que de la cause palestinienne« . Heureuse de voir une foule « très mélangée« , elle avoue néanmoins être gênée par « des mecs qui haranguent en arabe« , regrettant de ne pouvoir comprendre ce qu’ils disent.

© Y. V.d.V / Parlons/Info

© Y. V.d.V / Parlons/Info

La foule est effectivement très mélangée, des jeunes côtoient des personnes âgées, les personnes en survêtement se mêlent à celles en costume. On croise même quelques manifestants venus en famille avec une poussette.

Au cœur du cortège, Serge Grossvak défile fièrement portant une pancarte annonçant « Je suis juif ». Les manifestants multiplient les signes d’amitié à son égard. « Vous serez toujours bien accueilli » lui affirme un militant propalestinien en lui serrant la main. « Je ne pense pas que l’antisémitisme monte particulièrement en France. Ce sont toutes les formes de racisme qui grandissent« , affirme Serge Grossvak. « On dit qu’il y a de l’antisémitisme dans les manifestations et donc là, avec ma pancarte, je montre le contraire. »

Serge Grossvak ( © Y. V.D.V / ParlonsInfo)

Serge Grossvak ( © Y. V.d.V. / ParlonsInfo)

Le déroulement du cortège lui donne raison. Tout a été fait pour que la manifestation se déroule sans heurt et sans débordement. Le dispositif policier est particulièrement impressionnant et les services d’ordre de la CGT et du PCF sont très présents. On sent néanmoins que ces organisations militantes font preuve d’une certaine méfiance envers les médias. Une équipe de tournage de France 2 cherchant à tourner un reportage sur le service d’ordre de la CGT se fait repousser de façon plutôt menaçante et lors de l’appel à la dispersion à la fin de la manifestation, on a pu entendre un haut-parleur relayer ce message: « Nous vous appelons à vous disperser pour ne pas prêter le flanc aux attaques médiatiques. »

Quoi qu’il en soit, les services d’ordre ont été très efficaces, créant rapidement une bulle protectrice autour d’un homme poursuivi par quelques jeunes au cours du seul incident minime dont nous avons été témoins.

 

Lors de l’arrivée place des Invalides, la foule s’est rapidement dispersée dans le calme. Les organisateurs ont tenu leur pari et la manifestation comptant 14 500 personnes selon la police a pu délivrer dans le calme son message de soutien à la population de Gaza.

David Bolton et Yonathan Van der Voort