Editorial – Alors que Manuel Valls a présenté ce lundi 25 août la démission de son gouvernement, l’exécutif a l’occasion – certainement pour la dernière fois – de montrer un cap gouvernemental clair et d’amorcer les réformes nécessaires au redressement du pays.
Alors que les récriminations de l’aile gauche du PS – et en particulier des parlementaires dits « frondeurs » – ne faisaient que croître et qu’Arnaud Montebourg, ministre de l’Économie, a critiqué la politique gouvernementale en matière économique, Manuel Valls a été chargé par François Hollande de constituer un nouveau gouvernement « en cohérence avec les orientations [que le président] a lui-même définies pour notre pays. »
Il semblerait qu’on soit arrivé à un tournant du mandat de François Hollande, sa dernière chance pour relever la barre d’un quinquennat qui n’a pour l’instant pas satisfait grand monde. Avec un taux d’impopularité atteignant un niveau record, le président de la République doit saisir l’occasion de fixer et de garder un cap précis, clair et défini, de choisir et d’assumer une politique courageuse de relance du pays. Face à l’ampleur de la crise à laquelle est confronté le pays, l’heure n’est plus à la tergiversation.
L’échec de la synthèse
Car la politique qu’a voulue mettre en place François Hollande durant les deux premières années de son quinquennat a souffert d’un absolu manque de clarté. S’il a tenu – du moins en partie – ses engagements en matière de réformes sociétales, le président s’est empêtré dans un piège qu’il s’est lui-même tendu en tant que candidat. En voulant séduire l’électorat de la gauche de la gauche par des déclarations belliqueuses envers le monde de la finance et l’annonce de mesures telles que l’impôt à 75%, le candidat socialiste – qui a pourtant toujours été plutôt social-démocrate – a ensuite déçu l’aile gauche de son électorat lorsqu’il a mis en place une politique économique tournée vers l’offre. En cherchant à dissimuler sa vraie nature et sa véritable politique derrière des effets d’annonce lors de la campagne électorale, François Hollande a mis en branle un mécanisme qui ne pouvait mener inéluctablement qu’à un mécontentement croissant parmi son électorat, dont une partie – non négligeable, il faut bien l’avouer – avait voté pour lui non pas par adhésion mais par rejet de Nicolas Sarkozy.
Le président a aussi été victime de sa volonté de toujours faire une synthèse, alors que la situation économique du pays demande au contraire des décisions efficaces et une direction politique claire. Nommer Arnaud Montebourg – représentant emblématique de l’aile gauche du PS lors de la primaire – ministre de l’économie dans un gouvernement dirigé par le libéral Manuel Valls était un choix pour le moins étrange et certainement voué à l’échec dès le départ. D’autant plus que François Hollande prône depuis la proposition d’un Pacte de responsabilité et de solidarité une relance économique basée sur l’offre et le soutien aux entreprises.
Mais le manque de clarté dans la politique gouvernementale n’a fait qu’empirer les choses. Les citoyens ont vu leurs impôts augmenter sans en voir des bénéfices en matière de reprise économique. Pire, le budget de l’État et la dette sont loin d’être réduits, et les aides aux entreprises semblent avoir surtout permis à des grandes entreprises et multinationales d’augmenter leurs marges sans créer de nouvelles embauches. Les TPE et PME, qui sont pourtant les entreprises les plus à même de relancer l’économie, ne peuvent pas embaucher par manque de vision à long terme des politiques économiques et du montant des charges.
Et si le plus important, ce n’était pas 2017?
Il faut désormais que François Hollande et Manuel Valls prennent des décisions courageuses et définissent une ligne politique claire. L’exécutif ne peut plus se permettre de tenter de ménager la chèvre et le chou, et de plaire à tout le monde. C’est rigoureusement impossible.
Il est temps que le président se tienne à une politique économique de relance claire et radicale. La situation est bien trop grave pour permettre des approximations et des demi-mesures comme cela a été le cas jusqu’à présent. Quitte à être impopulaire, François Hollande doit désormais arrêter de penser à une possible réélection et se consacrer pleinement au redressement économique du pays.
Face à une crise économique d’une telle ampleur, il est temps pour tous de laisser de côté les calculs politiques et les réflexes partisans. Les carrières respectives des uns ou des autres devraient s’effacer devant la volonté de proposer de réelles solutions pour sortir l’économie française de l’ornière.
A l’exécutif en place de trouver une majorité pour instaurer un programme clair et ambitieux de mesures visant à relever le pays, et aux divers commentateurs, aussi, de laisser à cette politique le temps d’avoir un effet. Pour cela, il faut aussi que l’exécutif ait l’honnêteté d’avouer que le retournement ne se fera pas du jour au lendemain et d’arrêter de faire des promesses trop optimistes.
Le réalisme et la clarté, c’est maintenant.