Le lundi 1er mai 2017 se déroulait la traditionnelle marche pour la journée internationale du travail entre la place de la République et la place de la Nation à Paris. Avec le contexte électoral, cette marche s’est rapidement transformée en mobilisation anti-Front national. Retour sur une manifestation où défenseurs du vote utile, abstentionnistes et casseurs formaient un cortège pour le moins hétéroclite…
Organisée par l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires, la marche du 1er mai célébrant la fête du travail a mobilisé pas moins de 80 000 personnes selon les syndicats et 30 000 selon la préfecture de police. A six jours du second tour des élections présidentielles, cette marche portait une signification particulière. Elle était aussi un appel à contrer le Front national lors du scrutin du dimanche 8 mai.
L’ombre du second tour
L’appel au rassemblement a été donné pour 14h30 et dès 15h, la place de la République était inondée de monde. Des jeunes, des militants, des retraités et même des familles ont fait le déplacement. On remarque les brins de muguets se déplacer de mains en mains, tout comme les autocollants anti-frontistes et les tracts. Mais derrière l’unité apparente, règne comme une sorte de cacophonie. Le message principal véhiculé est « Le 7 mai : Battre Le Pen ; le 8 mai : Résister à Macron ». Cependant, des tracts d’un ton plus radical circulent également. « Barrage au système entier » peut-on lire par-ci, « Ni Le Pen, Ni Macron ! Boycott des élections » peut-on lire par là. Tous s’accordent à désapprouver l’hypothèse d’un Front National à la présidence du pays, mais peinent à s’accorder sur l’attitude à adopter. Cela a marqué Célia, 24 ans présente en tête de cortège : « J’ai trouvé l’action très désorganisée et éparpillée » explique-t-elle. « On aurait plus dit un melting pot des causes et une réappropriation de l’événement par les différents syndicats. »
Pour un membre de la CGT 94, c’est clair : « Le Front National se fait passer pour un parti qui défend les travailleurs, mais lors de la manifestation de 2008 face à Sarkozy, il les a qualifiés d’émeutier. Ils n’ont aucune légitimité et il faut leur faire barrage ! ». D’après les résultats de la consultation lancée par le parti de la France Insoumise, 2/3 des Insoumis compteraient voter blanc ou s’abstenir au second tour. Birenam, 28 ans et jeune commis de cuisine fait partie de cela : « Je ne voterai pas Macron parce qu’on a tellement brandi l’épouvantail du FN, que cela ne me fait même plus peur… » raconte la jeune fille désabusée.
Au final, seul 34.83% des mélenchonistes envisageraient de donner leurs voix à Emmanuel Macron. Après l’échec du premier tour, difficile de trouver une unité dans les intentions de votes de l’électorat gauchiste et extrême-gauchiste. L’espoir d’une percée lors des élections législatives semble perdurer. La forte présence des partisans de la France Insoumise lors de la marche en est la preuve. Mais notre étudiante en Industries créatives n’attendra pas jusque-là face à la menace de l’extrême-droite: « Je vais voter dimanche. Selon moi, en cas d’une victoire d’Emmanuel Macron, les conditions nécessaires à la révolte et au changement seront plus réunies. » Elle ajoute néanmoins comprendre ces personnes démotivées.
Par ailleurs, du côté de certains radicaux anticapitalistes et anarchistes, la solution se trouve dans l’attaque. Des violences entre casseurs et CRS ont causés énormément de dégradation en marge de la manifestation. Six policiers ainsi que plusieurs manifestants se sont retrouvés blessés.
L’altermondialisme aussi dans la place
Sur la place de la République, les fameux stands de merguez sont installés au milieu d’exposants un peu particuliers. Ils sont marocains, colombiens ou encore brésiliens, mais à l’honneur cette année c’est la Turquie. La musique et les danses animent la foule, mais le but est avant tout de sensibiliser. Le 16 avril 2017, le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan a fait renforcer l’emprise de son pouvoir par référendum constitutionnel. La répression du régime du leader turc a fait et continue de faire de nombreuses victimes. A la vue de ces stands et de la mobilisation anti-FN, difficile de ne pas faire un parallèle entre les deux : Le dirigeant turc et le parti frontiste sont tous deux soutenus par de nombreux citoyens, envers et contre tout…
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Gnouleleng Egbelou