Conviction, élimination ou dépit, les explications sont nombreuses pour un même résultat : Marine Le Pen a la cote chez les jeunes. Décryptage de ce phénomène.
Bien que Jean-Luc Mélenchon soit le premier candidat des jeunes (30% des 18-24 ans selon Ipsos), la candidate frontiste se hisse en seconde position avec 21% des voix. Si on élargit la classe d’âge aux 18-34 ans, ce que fait OpinionWays, Marine Le Pen passe même en tête avec 30% des voix.
Et loin des clichés idéologiques, certains jeunes votent FN car ils se retrouvent dans le programme de sa candidate. Matthieu, 20 ans, assure avoir choisi « Au départ par élimination. Puis en regardant son programme, je me suis rendu compte que c’était le meilleur ». Daniel, 22 ans, a lui voté Mélenchon au 1er tour, mais a fait le choix de pencher à droite au second : «J’ai voté Mélenchon, et j’aurai voté pour lui au second tour. Marine (sic) était 2e dans mes choix. Dans les deux cas les programmes sont excellents. Honnêtement, le programme de Mme Le Pen est le plus compliqué à mettre en œuvre. Mais ce sera le plus efficace s’il fonctionne. ».
Et lorsqu’on demande ce qui a fait pencher la balance, c’est le si décrié programme économique qui ressort. Pour Daniel, l’idée phare est de : « Faire revenir les entreprises françaises en France pour créer de l’emploi ». Considération numéro un pour des jeunes, les créations d’emploi viendraient selon eux de manière certaine avec le programme frontiste. Matthieu va même plus loin en évoquant « Le seul programme qui propose de l’emploi à ceux qui en cherchent, mais aussi qui renforce les oubliés : les agriculteurs, les producteurs, ceux qui ne vivent pas dans les grandes villes ». Le politologue Jean-Daniel Lévy, à travers une étude réalisée par la société d’opinion Harris Interactive, tempère ce phénomène en indiquant que seuls 55% des 18-34 ans ayant voté pour le FN ont été motivé par les engagements de la candidate.
En revanche, la part de ceux qui l’ont été par les valeurs de la candidate est moins élevée (52%). L’idéologie passe au second plan. Pour Daniel, c’est même un point qui dérange « Il ne faut surtout pas dire que tous les votants FN sont racistes, c’est faux. Et ces points de programme, notamment celui de supprimer le mariage pour tous, me déplaisent particulièrement ». Mais pas de quoi dégouter : « Il faut d’abord remettre le pays sur les rails au niveau économique, c’est la priorité. Après on pourra penser à changer le système » conclut Matthieu.
Une idéologie qui dérange, mais une orientation économique qui, à défaut de plaire, convainc, c’est la formule qui fait aujourd’hui de Marine Le Pen la 2nde candidate chez les jeunes français. Qui n’oublient pas ses défauts, mais voient en ses projets pour la France l’unique solution de sortir la tête de l’eau.
Antoine Ballet