Les candidats du parti du nouveau président, La République en marche, sont arrivés en tête au premier tour dans dix des onze circonscriptions des Français à l’étranger. Les 11 et 18 juin les Français de métropole se rendront à nouveau aux urnes afin d’élire leur député, qui siégera à l’Assemblée Nationale pour cinq ans et représentera leur circonscription.
De nombreuses critiques sont faites sur la faible représentativité des députés aujourd’hui, et ce en terme d’âge, de genre ou d’origine sociale. La moyenne d’âge s’approche en effet des 60 ans, puisque en 2012, l’Assemblée fraîchement élue affichait une moyenne d’âge de 54,6 ans. Néanmoins, il reste une indéniable mobilisation politique de certains jeunes, qui s’engagent avant même de pouvoir voter. C’est le cas de Gaëtan, 21 ans qui explique avoir adhéré à l’UMP à l’âge de 16 ans, soit l’âge minimum légal pour devenir adhérant. C’est en outre après une entrevue avec les parents de Gaëtan à un repas du parti que Françoise Borret, candidate à la 7ème circonscription de la Haute-Garonne, a rencontré le jeune étudiant puis lui a proposé d’être son suppléant pour ces législatives. Baptiste qui dirige la campagne de sa mère, Corine Veyssy, dans la 12ème circonscription de la Gironde, affirme lui ne pas être un militant, dans la mesure où il n’a jamais adhéré à un parti. Il ajoute néanmoins : « je suis un militant comme tout un chacun au sens où j’aime discuter politique et débattre ; je milite pour mes idées en quelque sorte » et met en avant une socialisation politique prégnante au sein de sa famille.
Ces deux étudiants à Sciences Po Bordeaux ont donc des rôles importants, essentiels même dans cette bataille que sont les élections législatives. En quoi consiste leur position et quelles sont leurs responsabilités ? Lorsque Baptiste décrit la direction d’une campagne, la polyvalence semble le maître mot ; il déclare, en évoquant son rôle et ses responsabilités : « Je me plais souvent à dire que je suis tout à la fois chauffeur, écrivain de SMS, répondeur, psy, directeur de campagne, conseiller politique et militant de base. Tout ça pour dire que faire partie d’une campagne, et a fortiori la diriger, revêt de plusieurs aspects… En plus, j’ai un lien privilégié avec la candidate, du fait de nos liens familiaux, et sa confiance totale. Plus concrètement, la direction de campagne comporte aussi un grand pan relationnel puisque j’assure le lien entre l’équipe de campagne et les militants, parfois avec la presse. L’organisation est aussi primordiale, en particulier quand on a plus d’une centaine de communes à couvrir pour le tractage. » Gaëtan, lui, met en avant le contact, la rencontre de potentiels électeurs, des citoyens de sa circonscription : « J’accompagne [Françoise Borret] dans tous ses déplacements. Nous allons voir des entrepreneurs, des agriculteurs, des commerçants… Mais nous faisons aussi du tractage sur les marchés, du collage d’affiches ou du boîtage. » La rencontre avec les agriculteurs est celle qui l’ « a le plus marqué par la sincérité de ces personnes et la gravité des difficultés qu’ils rencontrent. »
Pour ce qui est de leur jeune âge, les deux étudiants affirment que c’est plutôt bien reçu par les gens. Gaëtan –âgé de 21 ans- affirme que de nombreuses personnes sont très ouvertes voire enjouées de ce renouvellement, même s’il concède avoir eu une remarque (indirecte toutefois) sur son manque d’expérience. Il se réjouit d’autant plus de cette opportunité : « C’est une vraie chance pour moi de pouvoir commencer une campagne aussi jeune ! », et souligne d’ailleurs que la candidate aurait pu choisir des élus comme suppléants. Baptiste, qui a fêté ses 22 ans cette année, ajoute même qu’il reçoit « souvent des commentaires positifs sur [s]a jeunesse » et déclare « je crois que les gens aiment bien les jeunes en politique. » D’autant qu’il n’en est pas à son coup d’essai : il a participé à plusieurs campagne, notamment les dernières municipales et régionales, durant lesquelles il a accompagné Corine Veyssy.
Ces deux parcours, bien que différents politiquement, contrebalancent l’idée que la politique est totalement fermée et inaccessible à la jeunesse. D’ailleurs, certains partis n’ont pas hésité à mettre des jeunes candidats, même en titulaires, dans certaines circonscriptions. Nous verrons, à l’issue du scrutin le 18 juin, si la composition de l’Assemblée Nationale (en termes d’âge, mais aussi de genre, de profession etc.) diffère ou non de celle élue en 2012.