Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité cette première semaine d’avril, en France et dans le monde.
Réforme institutionnelle : mesures annoncées et réactions
« Revenir aux sources de la Ve République« , c’est l’ambition affichée par Édouard Philippe mercredi 4 avril. Alors que les négociations sur la réforme de la SNCF semblent être dans une impasse, le premier ministre a présenté le texte de la réforme des institutions. Il est découpé en trois volets : une révision constitutionnelle, un projet de loi organique et un projet de loi ordinaire.
La révision constitutionnelle concerne la suppression de la Cour de justice de la République qui était chargée depuis 1993 de juger les membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. Cette révision met également fin au droit des anciens présidents de la République de siéger au Conseil constitutionnel. Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) devient une chambre de la société civile chargée d’organiser les consultations des citoyens. Enfin, la Corse et le climat font leur entrée dans la Constitution.
Le projet de loi organique porte sur l’interdiction de cumuler trois mandats consécutifs et sur la réduction du nombre de parlementaires à hauteur de 30%. Il y aura donc désormais 244 sénateurs au lieu de 348 et 404 députés au lieu de 577.
Le projet de loi ordinaire, enfin, introduit une dose de 15% de proportionnelle aux législatives de 2022. Ainsi, 60 des 404 députés seront élus à la proportionnelle.
La réduction du nombre de parlementaires et la dose de proportionnelle sont les mesures les plus controversées. Côté Républicains, Gérard Larcher, président du Sénat, Laurent Wauquiez, président du parti, Christian Jacob et Bruno Retailleau, présidents des groupes parlementaires LR, estiment que ces réformes contribueront à « éloigner davantage les élus des électeurs« . La France Insoumise dénonce une réforme « dangereuse et antidémocratique« . De son côté, Marine Le Pen estime que les 15% de proportionnelle sont une « aumône à la démocratie« .
Pour Christophe Castaner, délégué général de LREM, la réforme contribuera au « retour de la confiance de nos concitoyens dans la vie politique« . Un avis partagé par le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, qui estime que le système sera ainsi « plus lisible, plus efficace et plus démocratique« .
Florence Parly réagit aux agissements sexistes à Saint-Cyr
Le 23 mars dernier, le journal Libération sortait un article édifiant sur les conditions d’études des femmes au sein de la prestigieuse école militaire : brimades, insultes, humiliations, tout était fait pour que ces jeunes femmes abandonnent la carrière de leurs rêves. Au-delà des agissements sexistes de certains de leurs camarades masculins, ces élèves dénonçaient principalement l’absence totale de réaction de leur hiérarchie face à ces faits et la minimisation de ce qu’elles subissaient, malgré plusieurs alertes répétées.
La ministre des Armées, Florence Parly, a ainsi réagi à l’Assemblée nationale, alors qu’elle était interrogée par une députée LREM. Elle a condamné avec la plus grande fermeté ces actes et évoqué une « minorité rétrograde » d’élèves « qui salit notre institution », ignorant que « nous [sommes] en République française en 2018″.
Ainsi, elle a annoncé trois mesures mises en œuvre à Saint-Cyr : les élèves ayant eu ces comportements misogynes et inappropriés ont été exclus de l’établissement. Leurs encadrants seront remplacés à l’issue des examens de fin d’année et sanctionnés par l’institution militaire. Enfin, tout élève ayant un comportement « perturbateur » ne pourra pas redoubler au sein de la prépa militaire.
.@NadiaHAI78 (LaREM) rappelle les violences subies par les filles étudiantes au lycée militaire de Saint-Cyr-l’École et demande au gvt de lutter contre le sexisme et de « rétablir l’égalité au sein des écoles militaires »#QAG pic.twitter.com/IVQj6Bk9cg
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) 4 avril 2018
Semaine mouvementée chez les Verts
Cécile Duflot a annoncé dans un entretien au Monde quitter la vie politique afin de prendre en juin prochain la présidence d’Oxfam France, association qui milite pour le respect des droits humains fondamentaux (sécurité, services sociaux, participation à la vie politique) et contre la pauvreté. Elle déclare quitter le monde politique « avec beaucoup de sérénité ». Elle souhaite « le meilleur » aux Verts, son parti politique.
Un autre membre du parti a fait parler de lui cette semaine, Jean-Vincent Placé. Arrêté dans la nuit de mercredi à jeudi avec 2,5 grammes d’alcool dans le sang, il a passé plus de 30 heures en garde à vue. Son taux d’alcoolémie n’est pas le seul responsable de cette mesure : il aurait en effet insulté un policier, ainsi qu’une jeune femme et le videur du bar dans lequel il se trouvait. Il a ainsi été déferré au parquet pour « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique », « insulte à caractère racial » envers le videur du bar et « violence sans incapacité commise en état d’ivresse ». Convoqué devant le tribunal correctionnel le 11 juillet prochain, l’ancien secrétaire d’État à la Réforme de l’État et à la Simplification devra répondre de ses actes devant la justice.
De nouveaux affrontements à la frontière entre Israël et Gaza
Vendredi 30 mars, une première série de rassemblements à la frontière entre la bande de Gaza et le territoire israélien a été réprimée par l’armée israélienne, faisant 19 morts parmi les Palestiniens et plus de 1 400 blessés, dont 758 par des tirs à balles réelles, selon le ministère de la Santé de Gaza. L’armée israélienne a de nouveau ouvert le feu ce vendredi 6 avril à l’occasion d’une deuxième journée de mobilisation à la frontière, faisant huit morts (dont un journaliste portant sa veste indiquant PRESS) et 900 blessés selon un bilan provisoire. Les manifestants réclament la fin du blocus de Gaza et le retour des Palestiniens sur les terres qu’ils ont fuies en 1948, lors de la création de l’État d’Israël. D’autres rassemblements sont prévus jusqu’au 15 mai, date anniversaire des 50 ans de la « Nakba » (la « catastrophe » en arabe), le nom donné à l’exode forcé des Palestiniens en 1948.
Pendant la manifestation du 30 mars, l’armée israélienne a ouvert le feu après que des Palestiniens se sont approchés à quelques centaines de mètres de la clôture qui sépare les deux territoires. Israël a déclaré que les soldats ont tiré sur ceux qui jetaient des pierres et des cocktails Molotov sur ses soldats ou tentaient d’endommager la clôture et de s’infiltrer en Israël. Les représentants des manifestants assurent qu’ils ne représentaient aucun danger immédiat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et la haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, ont réclamé samedi une enquête indépendante sur les événements. Le gouvernement israélien a rejeté ces demandes. « Les soldats israéliens ont fait ce qui était nécessaire », a déclaré le ministre de la Défense Avigdor Lieberman.
Présentation du 4e Plan Autisme
Diagnostic et intervention précoces, accompagnement vers l’école et dans l’emploi : le Premier Ministre a présenté ce vendredi 6 avril une « stratégie » sur cinq ans visant à donner aux enfants et adultes autistes une vie « la plus normale possible ». Représentant 344 millions d’euros sur cinq ans et élaborée à l’issue d’une concertation de neuf mois avec les associations et autres acteurs du secteur, cette « stratégie nationale », portant sur la période 2018-2022, succède au troisième plan autisme (2013-2017), qui était doté de 205 millions d’euros.
Les « troubles du spectre de l’autisme » (TSA) atteignent environ 1 % de la population, estime la Cour des Comptes. Elle évalue à 700.000 le nombre de personnes concernées en France, dont 600.000 adultes, bien que ces derniers ne soient « qu’environ 75.000 » à être aujourd’hui diagnostiqués. Ce trouble neuro-développemental se caractérise par des difficultés d’interaction sociale, des comportements répétitifs et des centres d’intérêt restreints ou spécifiques. Il peut s’accompagner ou non d’une déficience intellectuelle.
Lula : l’icône de la gauche brésilienne derrière les barreaux
Samedi 7 avril, l’ex-président brésilien, Lula a passé sa première nuit en prison. Il est condamné à 12 ans et un mois de prison pour corruption. « Je ne suis pas au-dessus des lois », a-t-il déclaré à ses partisans réunis au siège du syndicat des métallurgistes, près de Sao Paulo. Après des tentatives de négociations avec la police brésilienne, l’icône de la gauche a annoncé samedi qu’il acceptait de purger sa peine tout en continuant de clamer son innocence.
Pour rappel, Luiz Inácio Lula da Silva a été condamné pour avoir reçu un triplex en bord de mer de la part d’une entreprise du BTP en échange de contrats avec le groupe pétrolier semi-public Petrobras. « Un coup d’État judiciaire » selon le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé, dimanche 8 avril au micro d’Europe 1, des manipulations de la droite brésilienne, suggérant qu’elle serait à l’origine de l’incarcération de l’ancien président brésilien. L’Insoumis soupçonne également la mainmise des États-Unis sur la vie politique en Amérique Latine.
Lara Baranowski, Marianne Chenou, Caroline Robin & Marie Sénéchal