Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de ces deux dernières semaines d’août, en France et dans le monde.
Les détenus américains en grève
Droit de vote pour tous les détenus, fin du traitement inégal et raciste, meilleures possibilités de réinsertion ou encore fin de l’esclavage en prison. Les détenus américains, ainsi qu’un collectif composé de plusieurs associations de défense des droits civiques, demandent une amélioration immédiate des conditions de détention. Depuis le 21 août et jusqu’au 9 septembre, les détenus américains sont appelés à cesser le travail, à engager des grèves de la faim, à participer à des sit-in pacifiques ou à boycotter les entreprises profitant du travail en prison, de « l’esclavage moderne » pour Amina Sawari, porte-parole des détenues et détenus en colère. On estime à 20 centimes de l’heure le salaire moyen en prison. Seulement, selon le 13e amendement de la Constitution des États-Unis, l’esclavage est aboli sauf en cas de « châtiment d’un crime pour lequel la partie aura été dûment condamnée ». Avec près de 2,2 millions de personnes incarcérées en 2016, le taux d’incarcération le plus élevé au monde, et un coût par détenu d’environ 80 000 dollars par an, les États-Unis ne sont pas en mesure de payer davantage les prisonniers selon Jeffrey Callison, porte-parole du département de correction et réhabilitation californien. Selon les porte-paroles des associations du collectif appelant à la grève, les prisons d’au moins 17 États seront mobilisées, probablement l’une des plus grandes manifestations de ce genre.
Cellules de prison Crédits : Bob Jagendorf (Wikipedia Commons, licence CC)
L’Église frappée pour un nouveau scandale de pédophilie
1000 enfants victimes de 300 prêtres pédophiles, c’est ce qu’a dévoilé une enquête des services du procureur de Pennsylvanie publiée le 14 août dernier. Les 500 000 pages de documents et les dizaines de témoignages ont permis au grand jury d’établir ces chiffres. Les faits remontent parfois jusqu’aux années 1940, la plupart sont aujourd’hui frappés par la prescription. Deux prêtres sont toutefois poursuivis et les noms des autres accusés de pédophilie ont été rendus publics. C’est la première fois qu’une enquête révèle autant de cas.
Le Pape François Crédits : Casa Rosada (Wikipédia Commons, licence CC)
À la suite de ces révélations, le pape a exprimé sa « honte » et sa « douleur » et a lancé un appel aux catholiques. Il appelle ces dernier à « dénoncer tout ce qui met en péril l’intégrité de toute personne ». « Considérant le passé, ce que l’on peut faire pour demander pardon et réparer du dommage causé ne sera jamais suffisant. Considérant l’avenir, rien ne doit être négligé pour promouvoir une culture capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrains propices pour être dissimulées et perpétuées » a-t-il déclaré.
Décès de Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU
L’emblématique ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan est décédé le 18 août dernier, à l’âge de 80 ans. Né au Ghana, il avait intégré les Nations Unies à la fin des années 1980. Promu sous-secrétaire général de l’ONU en charge du maintien de la paix en 1993, il prend la suite de Boutros Boutros-Ghali en 1997. Il restera jusqu’en 2006 l’homme phare des relations internationales, obtenant en 2001 le prix Nobel de la paix pour son travail pour un monde plus pacifique.
Kofi Annan à Genève en 2012. Crédits : US Government (Wikimedia Commons)
Il s’était notamment illustré en organisant les interventions onusiennes des années 90, lors du génocide rwandais et de la guerre de Yougoslavie. À la tête de l’organisation, en 2003, il n’avait pas hésité à se prononcer contre l’invasion américaine en Irak, qu’il jugeait « illégale ». Quelques années plus tard, en 2012, il fut nommé envoyé spécial de l’ONU en Syrie, enfin de tenter de résoudre le conflit qui persiste à l’époque depuis quelques mois à peine. Face aux désaccords des États, il quitta son poste deux mois plus tard.
Il s’est éteint en Suisse, dans un hôpital de Berne, des suites d’une courte maladie, selon ses proches. Il sera enterré au Ghana le 13 septembre prochain.
Le pont Morandi s’effondre à Gênes : 43 morts
Mardi 14 août, il est 11h36 lorsque 210 mètres de l’autoroute A10 s’effondrent 45 mètres plus bas. Le pont Morandi, mastodonte de béton qui sur lequel s’étend l’autoroute entre la France et la botte italienne, s’est effondré. En plein orage, c’est une trentaine de véhicules qui ont été avalés par le bitume. Le bilan est lourd : 43 morts et 14 blessés. Parmi les victimes, 4 Français.
Les habitations en danger restent nombreuses. Crédits : Salvatore1991 – Licence CC (Wikimedia Commons)
Ce viaduc de plus d’un kilomètre de long est un passage obligé pour se rendre vers le centre et le sud de l’Italie, en provenance de la France et de Milan. Des milliers de véhicules l’empruntaient chaque jour, touristes et routiers. Construit dans les années 60, il traversait la capitale de la Ligure et permettait notamment de desservir le port de Gênes, structure stratégique de l’économie italienne. Vétuste et critiqué à de nombreuses reprises pour sa structure fragile, le pont Morandi avait déjà subi des travaux de réfection en 2016.
Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur et eurosceptique notoire, n’a pas tardé à créer la polémique. Il a tout d’abord suscité un débat, dès les premières heures qui ont suivi la catastrophe, en accusant l’Union Européenne et ses règles budgétaires d’avoir empêché l’Italie d’entretenir ses infrastructures. Puis, dans les jours suivants, des photos du soir du drame l’ont montré en pleine fête auprès des militants de son parti, en Sicile. Des images de joie qui ont eu du mal à passer face à celles des sauveteurs actifs toute la nuit pour rechercher des survivants.
Au-delà des victimes de l’effondrement, viennent s’ajouter les habitants du quartier. En effet, le pont s’est effondré au-dessus d’une voie ferrée à seulement quelques mètres des habitations génoises. Par sécurité, la zone a été évacuée, laissant toutefois les habitants livrés à eux-mêmes sans pouvoir récupérer leurs affaires. Edoardo Rixi, vice-ministre des Transports, a déclaré que « tout le pont » serait détruit à l’avenir. Certains immeubles avoisinants pourraient ainsi être détruits également, afin de reconstruire un nouveau pont.
Le Parlement de Westminster de nouveau visé par une attaque
En à peine 18 mois, le Parlement de Westminster a une nouvelle fois été la cible d’une attaque à la voiture bélier qui a fait trois blessés légers, mardi 14 août, peu après 7h30. La piste terroriste est privilégiée.
Il est 7h37 (8h37 heure française) lorsque Salih Khater, un homme britannique de 29 ans fonce avec son véhicule sur les grilles du Parlement et percute plusieurs cyclistes et piétons. L’homme d’origine soudanaise, habitant à Birmingham a été inculpé samedi 18 août de « tentative de meurtre » avant de comparaître devant le tribunal de Westminster lundi 20 août. À l’issue de la comparution, la juge Emma Arbuthnot a ordonné son maintien en détention provisoire. D’après le procureur Samuel Main, l’attaque avait « délibérément été calculée ». Compte tenu du choix du lieu et des cibles, le procureur suggère que « l’accusé souhaitait faire passer un message politique ».
Pour rappel, le 22 mars 2017, un homme au volant d’un 4×4 avait percuté plusieurs piétons avant de foncer devant les grilles du Parlement de Westminster et de poignarder un policier. L’attaque avait fait 5 morts.
Asia Argento accusée d’agression sexuelle
Asia Argento Crédits : Olivier Strecker (Wikipedia Commons, licence CC)
Des documents publiés dimanche 19 par le New York Times révèlent que l’actrice italienne Asia Argento aurait agressé sexuellement Jimmy Bennett en 2013 alors qu’il avait 17 ans, dans une chambre d’hôtel de Californie. Elle lui aurait ensuite versé 380 000 dollars pour étouffer l’affaire. Mardi, l’actrice a nié « avoir jamais eu de relation sexuelle avec Bennett » mais reconnaît le versement d’argent, par amitié et pour aider le jeune acteur à faire face à des difficultés financières. Jeudi, Jimmy Bennett est sorti du silence. « Je n’ai rien dit ces derniers jours ou dernières heures, car j’avais honte et peur d’être pris dans le débat public » a-t-il écrit. Il ajoute que son traumatisme a refait surface lorsque l’actrice s’est elle-même présentée comme victime de viol. Elle est l’une des premières à avoir accusé Harvey Weinstein et est devenue une figure de proue du mouvement #metoo.
Aretha Franklin : l’infatigable reine de la soul tire sa révérence
C’est à l’âge de 76 ans et entourée de ses proches que the queen of the soul s’est éteinte le 16 août à Détroit, là où tout a commencé. Fille d’un pasteur militant des droits civiques et d’une chanteuse de gospel, Aretha Franklin fait ses débuts au sein de la chorale de son père à Détroit. Elle sort son premier album dès l’âge de 14 ans mais il faut attendre 1968 et la sortie de son titre « Respect » pour que sa carrière explose.
Aretha Franklin laisse derrière elle une longue et incroyable carrière qui lui a valu 18 grammy awards. En plus de 60 ans de carrière, elle est devenue une figure incontournable de musique américaine à tel point qu’elle a été élue « meilleure chanteuse de tous les temps »par le magazine Rolling Stone. Et pour cause. À partir de 1968, the Lady Soul enchaîne les tubes à succès. La sortie Respect, titre devenu un hymne féministe, donne un véritable tournant à sa carrière. La chanteuse prête ensuite sa voix dans le célèbre film The Blues Brothers où elle interprète la chanson « Think ». En 2009, pour sa première cérémonie d’investiture, l’ancien président américain Barack Obama n’hésite pas à solliciter les talents d’Aretha Franklin pour interpréter le titre patriotique ‘America’ My Country Tis Of Thee.
Il faut croire que seule la maladie pouvait rivaliser avec l’infatigable queen of the soul. Celle qui luttait contre un cancer du pancréas depuis 2010 s’est produite pour la dernière fois en concert il y a moins d’un an, en novembre 2017 à New-York, au profit de la fondation d’Elton John contre le sida.
Marianne Chenou, Caroline Robin & Marie Sénéchal