Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de la semaine dernière, en France et dans le monde.
Explosion meurtrière au cœur de Paris
Une puissante explosion est survenue le samedi 12 janvier dans un immeuble de la rue de Trévise, dans le 9e arrondissement de Paris. La déflagration s’est produite en début de matinée au niveau du numéro 6, où se trouve une boulangerie-pâtisserie, alors qu’une équipe de pompiers intervenait pour une fuite de gaz. Deux sapeurs-pompiers de Paris, le caporal chef Simon Cartannaz et le première classe Nathanaël Josselin, âgés respectivement de 28 et 27 ans, ont été tués sur le coup. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner qui s’est rapidement rendu sur place a fait état d’un « bilan humain lourd ». Parmi les victimes, Laura Sanz Nombela, une touriste espagnole qui logeait dans un hôtel face à l’immeuble est morte à l’hôpital. Le corps d’une femme a également été retrouvé sous les décombres le lendemain de l’explosion. Au total, les secours dénombrent quatre morts et une quarantaine de blessés, dont neuf grièvement.
Le parquet de Paris a confié l’enquête à la direction régionale de la police judiciaire pour déterminer l’origine exacte du sinistre. « Nous sommes sur une origine accidentelle, mais à ce stade nous n’excluons aucune hypothèse » a affirmé le procureur de Paris, Rémy Heitz. En attendant, 200 pompiers et une centaine de policiers étaient déployés à la mi-journée sur place, pour sécuriser la zone. L’explosion a fortement endommagé plusieurs immeubles adjacents et des rues Montyon, Sainte-Cécile et Bergère. La ville de Paris a reçu 130 demandes de relogement.
À cette heure, 2 sapeurs-pompiers de la brigade des @PompiersParis sont décédés.
10 personnes sont en urgence absolue dont un sapeur-pompier.
37 personnes sont en urgence relative.
Immense tristesse. Soutien aux familles des victimes.
La Nation s’incline devant leur douleur. pic.twitter.com/sXbEETBLuD— Christophe Castaner (@CCastaner) 12 janvier 2019
Acte 9 des gilets jaunes : toujours mobilisés
Le mouvement semble bénéficier d’un regain de mobilisation, après des fêtes de fin d’année qui avaient creusé les rangs des manifestants. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, ce sont 80 000 personnes qui ont défilé hier partout en France. Des incidents à Bordeaux, Bourges, Toulon, Nîmes ont émaillé la journée, comme chaque samedi depuis le 17 novembre. 200 gilets jaunes ont quant à eux tenté de manifester au Touquet, aux abords de la résidence secondaire du couple Macron.
La presse a été ciblée, une fois de plus. Si la quasi-totalité des médias couvrent désormais les manifestations des gilets jaunes encadrées par un service de sécurité privé, cela n’empêche pas les agressions. Hier, une équipe de LCI a été attaquée à Rouen et l’un de leurs gardes du corps a dû être hospitalisé, avec le nez cassé. Plusieurs journalistes ont également relayés sur les réseaux sociaux les différentes pressions et insultes qu’ils subissent à chaque manifestation, allant régulièrement jusqu’aux attaques physiques.
Donald Trump face au plus long shutdown de l’histoire
Mardi 8 janvier, Donald Trump a prononcé un discours pour convaincre les Américains de la construction d’un mur à la frontière américano-mexicaine. Le Président demande un budget de 5,7 milliards de dollars pour assurer cette sécurité renforcée à la frontière sud du pays. Selon lui, ce mur peut être en majorité financé par l’arrestation des cartels de drogues, et par le nouvel accord commercial avec le Mexique. Son discours de mardi était également ponctué d’un registre pathétique pour démontrer la nécessité sécuritaire de ne pas laisser de migrants illégaux entrer dans le pays, les accusant de divers crimes, et en assurant dans le même temps que « les gens ne construisent pas des murs car ils détestent les personnes à l’extérieur, mais parce qu’ils aiment ceux à l’intérieur ».Cette intervention s’est faite dans le contexte du shutdown des institutions fédérales, qui est devenu jeudi soir le plus long de l’histoire aux États-Unis en dépassant les 21 jours. Cette situation touche 800 000 fonctionnaires, qui ne reçoivent donc plus de salaire depuis presque un mois. Les Républicains et Démocrates (maintenant majoritaires dans la Chambre des Représentants) n’avaient en effet pas trouvé de consensus sur la question de la construction du mur promis par Donald Trump durant la campagne présidentielle de 2016.
Arrestation de Cesare Battisti
Cesare Battisti a été arrêté aujourd’hui en Bolivie. Peut-être la fin de plus 25 ans de poursuites judiciaires et de relations diplomatiques mises à mal autour de sa potentielle extradition.
Militant italien d’extrême-gauche, Cesare Battisti a été condamné à la perpétuité par contumace en 1993. Il a été déclaré coupable de 4 homicides et complice de plusieurs meurtres dans les années 1970. Mais l’affaire Battisti est bien plus complexe qu’il n’y parait. Cesare Battisti a en effet toujours clamé son innocence. Dès 1991, il réside en France, pays qui refuse de l’extrader en raison d’une incompatibilité des lois italiennes avec « la conception française du droit ». Son procès en 1993 se tient alors en son absence. En 1997, il obtient une carte de séjour de 10 ans en France.
Mais en 2004, il est arrêté par la Direction nationale antiterroriste. En détention à la prison de la Santé, il reçoit la visite de plusieurs personnalités de gauche, comme l’abbé Pierre, Bertrand Delanoë, Guy Bedos, Georges Moustaki, ou encore François Hollande. Il est rapidement assigné à résidence, jusqu’à ce que la Cour d’appel de Paris rende une décision favorable à son extradition. Décision à laquelle le gouvernement français ne s’oppose pas.
Cesare Battisti s’envole alors clandestinement pour le Brésil. En 2007, il est arrêté. Le Brésil examine la demande d’extradition italienne, mais celle-ci ne peut être satisfaite que si la cour brésilienne statuant reconnait que les crimes dont Battisti est accusé relèvent du terrorisme et non de la persécution pour des idées politiques.
En 2009, le ministre de la Justice brésilien, Tarso Genro estime que Battisti pourrait devenir un réfugié politique, en raison d’une « crainte fondée de persécution » en Italie. Le président du Brésil, Lula, annonce par la suite son refus d’extrader Cesare Battisti, bien qu’il soit maintenu en détention. Mais en 2011, il est libéré et obtient un permis de résidence permanente au Brésil. Ce différend entre l’Italie et le Brésil marque considérablement les relations entre les deux États.
Cependant en octobre dernier, l’affaire prend un nouveau tournant avec l’élection de l’homme d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, à la présidence du Brésil. En opposition absolue avec la gauche précédemment au pouvoir, il annonce vouloir livrer Battisti aux autorités italiennes, le qualifiant de « terroriste rouge ».
Arrêté dans la nuit en Bolivie, Cesare Battisti était en cavale depuis décembre. Traqué par Interpol, il sera ainsi probablement livré aux autorités italiennes dans les plus brefs délais. Une arrestation dont s’est félicité le fils de Jair Bolsonaro, Eduardo, député « Le Brésil n’est plus une terre de bandits. Matteo Salvini, le ‘petit cadeau’ va arriver ».
Malgré l’absence de condamnation, le procès Barbarin restera un moment historique
À l’issue d’une semaine de procès, du lundi 7 au jeudi 10 janvier à Lyon, le procureur n’a pas requis de condamnation contre le cardinal Barbarin, jugé pour non-dénonciation d’agressions sexuelles, en raison de la prescription des faits. Mais ce procès demeurera un moment historique puisqu’il a permis un face-à-face inédit entre les victimes de pédophilie et la hiérarchie de l’Église.
Le cardinal Philippe Barabarin et ses cinq co-accusés ont donc comparu pendant près d’une semaine pour non-dénonciation d’agressions sexuelles commises par un prêtre du diocèse, le père Bernard Preynat, sur de jeunes scouts avant 1991 à la paroisse Saint-Luc, près de Lyon. Malgré les assauts virulents des avocats des parties civiles, la décision du procureur est dans la logique du classement sans suite décidé par le parquet à l’été 2016 après une enquête préliminaire sur les mêmes faits.
Une décision qui importe peu pour les plaignants. « Ce qui m’importe, c’est de voir Barbarin et son équipe ici, et pour moi c’est déjà une victoire », a déclaré à l’AFP un des neuf plaignants, Didier Burdet. Ce procès a en effet permis la libéralisation de la parole des victimes de pédophilie dans l’Eglise. Rien à voir avec le procès de l’ancien évêque d’Orléans, condamné cet automne à huit mois de prison avec sursis pour « non dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs » où l’accusé n’avait pas fait le déplacement dans la salle d’audience.
La défense quant à elle, juge les témoignages des anciens scouts insuffisants pour justifier des poursuites.Le tribunal correctionnel de Lyon rendra sa décision finale le 7 mars. Quant au père Preynat, âgé de 73 ans et mis en examen en 2016, il pourrait bien être jugé cette année.
Marianne Chenou, Alexis Czaja, Agathe Dijoud & Caroline Robin