Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de la semaine, en France et dans le monde.
Premier anniversaire des « gilets jaunes » : tour d’horizon
Il y a un an jour pour jour, le 17 novembre 2018, naissait le mouvement des gilets jaunes. Aux quatre coins de l’hexagone, les ronds-points devenaient des lieux de mobilisation, de rencontre, de revendications et d’espoirs. C’est sur les réseaux sociaux que le mouvement s’est lancé, en réaction à la hausse des prix des carburants. Des gilets jaunes ont commencé à être exhibés dans les voitures, avant que ces derniers ne soient finalement enfilés par les manifestants. Cet objet d’apparence anodine obligatoire dans tous les véhicules permet d’être vu de loin. La symbolique est appropriée.
282 000 manifestants sont comptabilisés à cet « acte I », qui a posé les bases d’un mouvement à la longévité historique. Les samedis se succèdent, les revendications évoluent et ne se limitent plus au prix du carburant. Pouvoir d’achat, justices fiscale et sociale, exigences démocratiques (« RIC »)… L’opinion publique et les médias peinent à trouver une cohérence d’ensemble. Cette gronde s’exprime sans leaders affirmés et hors des cadres traditionnels (syndicaux, universitaires…) malgré quelques individualités qui se sont révélées au fil des samedis.
Les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants pullulent dans les villes du pays. « Black blocs », « ultra jaunes », ou simples « casseurs » : les violences desservent le mouvement pour les uns, ont permis sa médiatisation et ses réponses politiques pour les autres. Très vite, le traitement médiatique est pris pour cible : les gilets jaunes reprochent aux médias d’information en continue de ne montrer que les affrontements, là où les opposants au mouvement les accusent d’avoir permis par leur médiatisation la montée en puissance du mouvement. Une équipe de LCI a été agressée à Rouen lors de l’acte IX, pendant qu’une autre de l’AFP s’est faite menacée à Toulon.
En réponse au mouvement, l’exécutif a débloqué 17 milliards d’euros en deux temps : en décembre 2018 avec une série de mesures ciblant les travailleurs pauvres (revalorisation de la prime d’activité, suppression de la hausse de la CSG pour les petites retraites, défiscalisation des heures supplémentaires…) puis fin avril avec la baisse de l’impôt sur le revenu. Cette seconde opération a été mise en place à la suite du grand débat.
Le mouvement s’est essoufflé au fil des mois, tout comme sa popularité dans les sondages. Quelles en sont les raisons ? Pour certains, le grand débat et les réformes ont constitué une réponse politique suffisante pour une partie de l’opinion publique. La radicalité du mouvement et la violence qui l’a souvent accompagné ont contribué à la virulence du débat. Des images des violences commises par les gilets jaunes, comme celles du saccage de l’arc de triomphe à Paris lors de l’acte IV ont fait le tour du monde. Le Monde, dans un article paru le 16 novembre parle de « répression policière et judiciaire sans précédent » et comptabilise 10 000 gardes à vue, 3100 condamnations dont environ 400 ont donné lieu à des peines de prison ferme avec incarcération immédiate. Dans son décompte, le journaliste et écrivain David Dufresne relève à ce jour 11 morts, 2500 blessés dont 23 éborgnés et 5 mains arrachées. En janvier 2019, la commissaire aux droit de l’Homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic invitait « les autorités françaises à mieux respecter les droits de l’Homme ».
D’après le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nunez, 313 enquêtes judiciaires « pour des suspicions de violences policières » ont été ouvertes par l’inspection générale de la police, plus connue sous les noms d’IGPN ou de « police des polices ». Le coût économique du mouvement (casse, dégradations…) est estimé fin mars par le ministre de l’économie Bruno Le Maire à 4,5 milliards d’euros, soit 0,2 point de croissance, répartis entre 2018 et 2019.
Il est encore difficile d’estimer ce que l’Histoire retiendra des « gilets jaunes ». Sa longévité exceptionnelle ? Sa violence ? Une chose est sûre, il semble avoir permis la prise de parole d’une « France des oubliés », rurale et périphérique. Cette parole s’est doublée d’une polarisation du débat public autour de thèmes rarement abordés auparavant comme celui des méthodes de maintien de l’ordre. Dans l’hebdomadaire de La Croix du 15 novembre 2019, un policier parisien déclare : « Le LBD, ça fait des années qu’on l’utilise en banlieue et tout le monde s’en fout. Quand c’est un petit Noir ou un petit Arabe qui s’en prend une dans la tronche, ça fait jamais les gros titres… ».
Deux féminicides supplémentaires en France
Dans la soirée de dimanche, un féminicide a eu lieu à Oberhoffen sur Moder, en Alsace. Sylvia avait 40 ans. Son mari l’a poignardé à plusieurs reprises. Selon France Bleu Alsace, le drame se serait produit au domicile du couple, sur fond de séparation. Son mari, Jacky, âgé de 58 ans, aurait porté plusieurs coups de couteau au niveau du cou et du thorax.
L’homme a été mis en examen pour meurtre, ce mercredi. La victime, qui souhaitait divorcer, avait déposé une main courante et une plainte contre son époux pour des faits de violences, a expliqué sa fille. Elle a également dénoncé le temps pris par la gendarmerie pour arriver au domicile : « La gendarmerie n’a pas estimé la situation urgente ; les pompiers sont arrivés avant eux, mais ils n’ont rien pu faire. Jacky se tenait alors devant la porte avec un couteau. De toute façon, elle était déjà morte.»
Ce lundi, vers 18h30, un autre féminicide s’est produit. Il s’agit d’un couple qui a été retrouvé mort dans une maison située à La Plaine-sur-Mer, près de Pornic, en Loire-Atlantique. L’homme se serait pendu après avoir étranglé sa femme, dont il était séparé. Sur le corps de la victime, les gendarmes ont remarqué des plaies
commises à l’arme blanche. Le corps portait aussi des traces de strangulation.
Le parquet de Saint-Nazaire a révélé, vendredi, que la victime avait déposé deux plaintes contre son ancien compagnon. La seconde plainte avait été enregistrée pour menaces de mort, réitérées le 1er novembre.
Avec ces deux nouveaux drames, le nombre de féminicides en France s’élève à 132 depuis le début de l’année. En 2018, 121 femmes ont été tuées par leur conjoint ou par leur ex-compagnon.
#Féminicides Près de 300 personnes se sont rassemblées aujourd’hui à Oberhoffen-sur-Moder (Bas-Rhin) pour une marche blanche, silencieuse et recueillie, en mémoire de Sylvia tuée à coups de couteau par son mari il y a une semaine #AFP pic.twitter.com/qzC9lZhUTj
— Agence France-Presse (@afpfr) November 17, 2019
La France touchée par son plus puissant séisme en 16 ans
Lundi 11 novembre, la commune du Teil, en Ardèche, était l’épicentre d’un séisme d’une puissance de 5,4 sur l’échelle de Richter. Il s’agit du plus puissant tremblement de terre en France depuis seize ans. L’onde a touché l’Ardèche et la Drôme, et de nombreux dégâts sont à déplorer. Des gymnases ont été ouverts pour accueillir les habitants dont le logement a été atteint, et quatre personnes ont été blessées.
Des spéculations se sont rapidement faites sur l’éventuelle cause humaine de ce séisme. Le premier élément est qu’il a été déclenché à seulement 1 ou 2 kilomètres dans la croûte terrestre, contre 5 à 10 kilomètres habituellement en France.
Par ailleurs, après un choc de cette puissance, une réplique est généralement attendue, selon les géologues. Mais elle ne s’est pas déroulée cette fois-ci. Enfin, des failles dans le sol ont été vues aux lieux du tremblement de terre, ce qui n’est pas ordinairement le cas.
Le lendemain, mardi 12 novembre, un autre séisme a frappé l’Alsace, au niveau de la frontière franco-allemande. La secousse était plus légère, d’une magnitude de 3,3 sur l’échelle de Richter.
#Séisme en #Ardèche : spécialistes du sauvetage-déblaiement, 30 sapeurs-sauveteurs de l’@Uiisc7 sont au #Teil pour effectuer des opérations de bâchage et de sécurisation des infrastructures ainsi qu’une analyse du bâti, en renfort du dispositif de #secours déjà déployé. pic.twitter.com/PwYWwg2OCS
— Sécurité Civile Fr (@SecCivileFrance) November 16, 2019
Grégoire Chérubini, Agathe Dijoud & Sarah Fiegel