Lundi soir, l’Amérique s’est découvert un nouveau monstre : Ariel Castro. Cet homme de 52 ans est accusé d’avoir enlevé, séquestré et violé trois, voire quatre, jeunes filles, dans une petite maison d’apparence banale, dans un quatier populaire de Cleveland, en Ohio. Dès que son nom a été révélé par la police le soir même de son arrestation, les médias du monde entier ont essayé de savoir qui était cet homme qui venait de rejoindre en une journée le morbide panthéon des violeurs et tueurs en série américains.
La première de ses victimes connues (la police de Cleveland ayant décidé de rouvrir de vieux dossiers) fut Michelle Knight, enlevée en 2002, à l’âge de 19 ans. Puis ce fut le tour d’Amanda Berry, en 2003, à l’âge de 16 ans, et enfin en 2004 de celui de Gina DeJesus, à l’âge de 14 ans.
Au cours de cette décennie de calvaire, rien ne leur a été épargné. Enchaînées en permanence, elles furent violées à de multiples reprises par leur tortionnaire. Selon les premiers éléments de l’enquête, les trois jeunes femmes auraient notamment subi de brutaux avortements sous la forme de coups de poings dans le ventre.
C’est arrivé près de chez vous : un voisin comme les autres ?
Seymour’s Avenue a beau être située dans un quartier populaire, elle n’a rien d’un cloaque à ciel ouvert ravagé par la misère ou la criminalité. Maison en bois avec porche, voie de garage privée, petit jardin propet … Rien ne distingue la maison d’Ariel Castro des autres maisons de ce quartier profondément banal. Décrit par ses voisins comme quelqu’un de sympathique mais discret, Ariel Castro était un membre bien intégré de la communauté, qui aimait emmener les enfants du quartier à faire des tours sur sa moto. » On voyait ce mec tous les jours. TOUS LES JOURS. J’ai même fait des barbecues avec lui : j’ai mangé des côtelettes de porc et écouté de la salsa avec ce mec ! […] Je n’avais pas la moindre idée de ce qui se passait dans cette maison » s’est exclamé Charles Ramsey, le voisin qui libéra Amanda Berry.
Sa voisine d’en face Aurora Marti, qui vit dans cette rue depuis 27 ans, frémit encore au souvenir de l’avoir laissé à plusieurs reprises s’occuper de sa petite-fille. « C’était un bon voisin, » ajoute-t-elle, » Il venait souvent s’asseoir avec nous sur la terrasse pour discuter ».
Personne dans ce quartier, dans lequel les gens ne restent jamais très longtemps, ne semblait le soupçonner de quoi que ce soit de répréhensible.
De toute manière, il n’était pratiquement plus en contact avec sa famille, et encore moins avec ses enfants, et tout particulièrement avec sa fille Emily, qui a été condamnée il y a quelques années à 25 ans de prison pour avoir égorgé son propre bébé.
La face cachée d’Ariel Castro
En 1993 il avait été arrêté, mais non inculpé, pour violences domestiques sur son ex-femme, Grimilda Figueroa, qui le quitte définitivement en 1996, à l’issue d’une dispute d’une extrême violence qui la poussa à aller se réfugier chez ses voisins, sans jamais remettre les pieds chez elle. En 2005, un simple vice de procédure l’empêche de finir en prison pour avoir continué de menacer de mort son ex-femme et ses trois enfants.
Les témoignages des proches de cette dernière nous éclairent un peu plus sur la personalité de ce bien aimable voisin : « C’était un monstre » a déclaré l’un des proches de cette femme morte l’année, sans jamais avoir eu l’occasion de le poursuivre véritablement en justice.
Avant d’être renvoyé de son travail de chauffeur de bus scolaires en novembre 2012, pour avoir voulu faire un demi-tour interdit alors que son bus était rempli d’enfants, Ariel Castro avait été inquiété par la police pour avoir oublié un enfant à l’arrière de son véhicule.
Une lettre retrouvée par les enquêteurs chargés de fouiller ce que l’on appelle désormais la « Maison de l’Horreur », écrite par le tortionnaire et datée de 2004, nous renseigne davantage sur la psychologie du personnage.
On apprend dans cette note de suicide que Castro aurait été violé et maltraité par l’un de ses oncles lorsqu’il était enfant, ce qui aurait fait de lui, selon ses propres termes, un « prédateur sexuel ».
Il ose même justifier son crime en soutenant que ses victimes étaient en partie responsables car « elles n’auraient jamais dû monter dans la voiture d’un inconnu ».
Pour lui, ses victimes ne sont guère plus que des objets qu’il collectionne sans trop savoir pourquoi : « “Je ne sais pas pourquoi j’en cherche une autre. J’en possède déjà deux (Michelle Knight et Amanda Berry, ndlr)”». Bien qu’il écrive vouloir léguer tout son argent à ses victimes, il précise ne « rien ressentir » à l’égard de ses méfaits.
Seules l’instruction judiciaire et les expertises psychologiques nous permettront d’en savoir davantage sur un cas qui va surement faire date dans l’histoire criminelle américaine.
En attendant, cette sinistre affaire n’est pas sans rappeler d’autres affaires très proches qui ont fait grand bruit ces dernières années : l’affaire Gouardo, en 1999 en France, l’affaire Natascha Kampusch en Autriche en 2006, l’affaire Fritzl toujours en Autriche en 2008, et enfin l’affaire Jaycee Lee Dugard en 2009.
Néanmoins, l’affaire de Cleveland se démarque des autres de par le nombre de victimes et la cruauté des actes commis par Ariel Castro. C’est notamment des avortements barbares qu’il a fait subir à ses victimes que le procureur McGinty a requis la peine de mort.
Arnaud Salvat