Dans le département de l’Ariège, un ancien publi-reporter a eu l’idée de proclamer son petit village, république monarchique autonome.
A Fantillou, il n’y a que quatre maisons. Quatre anciennes bâtisses juchées sur une montagne d’Ariège, non loin de Tarascon. A première vue, ce hameau ne paye pas de mine. Et pourtant. Il fait partie d’une république monarchique autonome. Symbolique bien sûr, car pour l’instant, il n’a pas été officiellement reconnu. Mais depuis sa création il y a huit ans, d’autres hameaux aux alentours ont voulu se joindre à ce projet un peu loufoque d’un ancien professionnel du publi-reportage, Vincent Paches. Propriétaire d’une des maisons du hameau, il aime passer du temps dans cette région lorsqu’il n’est pas à Paris. Et le fondateur de ce petit royaume est le premier étonné de son succès. « Je ne pensais pas qu’il y aurait un tel engouement pour un projet qui, au début, paraissait totalement décalé ». Des agriculteurs locaux aux saisonniers professeurs à l’université de Toulouse ou de Lyon, tous se sont pris au jeu. Et l’histoire de ce royaume se construit encore, petit à petit, au fil de son imagination.
La découverte du château de Fiches
« Je suis tombé sous le charme du château de Fiches lors de l’un de mes premiers séjours dans la région», raconte Vincent. Situé dans la commune de Verniolle, ce château révèle vite un potentiel qui n’échappe pas à cet homme, artiste dans l’âme, passionné d’iconographie animalière. « Quelques jours avant de rentrer à Paris, la propriétaire des lieux m’a fait visiter son château et j’ai découvert un immense plafond sur lequel était peint un bestiaire datant de la Renaissance. Il était absolument magnifique. Il fallait que je fasse quelque chose de cette découverte ». Fasciné par l’œuvre et motivé à l’idée de redonner vie à ce château, il propose un jumelage entre le château et Fantillou.
La légende de la baronne
« Il fallait trouver un lien, quelque chose de logique et de fort pour justifier un jumelage entre le château et notre hameau », explique Vincent. «J’ai alors eu l’idée d’inventer l’histoire de la création du bestiaire». C’est donc lors d’une cérémonie où étaient réunis une soixantaine d’habitants, que Vincent Paches révèle la légende de la baronne de Fantillou. Debout, dans la grotte de Niaux, face à son public, il raconte l’histoire de cette femme, vivant au XVI ème siècle. Très belle mais à moitié folle, elle avait eu beaucoup d’amants. Lorsqu’une relation avec l’un d’eux était sur le point de se terminer, elle lui demandait, en guise d’adieux, quel animal il aurait aimé être. Pendant des années, elle conserva ainsi des dizaines de données comme des souvenirs de ses amours passés. Et puis, quand vint pour elle le moment de partir, elle demanda à parler à un peintre renommé de la Renaissance qui venait de Rome. Avant de mourir, elle lui révéla son projet ; transformer ses souvenirs en une grande fresque où chaque amant serait représenté sous les traits de son animal fétiche.
Cette histoire présente finalement l’œuvre comme un héritage et donne encore un peu plus d’originalité à la petite république de Fantillou.
Le blaireau, l’hymne et la reine
Pour rester dans le thème animalier, Vincent Paches choisit le blaireau comme blason de la république monarchique. « Ce sont les habitants du village qui ont fabriqué notre drapeau. C’est un grand étendard cousu de fils dorés » explique-t-il.
Et pour aller encore plus loin, il a même composé l’hymne officiel : « Le taïchou de Fantillou », qui signifie blaireau en japonais. Reste la cérémonie, celle que tout le monde attend : l’élection de la reine. Autour d’un grand banquet, c’est aussi l’occasion pour les habitants de se retrouver et de partager un moment inédit.
La nouvelle reine récemment élue, c’est Yvette. Le maître de cérémonie lui rappelle ses droits et ses devoirs. Accompagnée d’un grand cortège de voitures ornées de banderoles, la reine s’en retourne alors chez elle. En attendant les prochains banquets, Yvette sera, pour un an, la personne la plus importante de la république de Fantillou.
Mélissa Verdier