Les bonnets rouges ont manifesté en masse hier, samedi 30 novembre. Ils étaient près de 40 000 selon les organisateurs contre 17 000 selon la préfecture. L’écotaxe était au centre des préoccupations mais aussi l’emploi en Bretagne, et les revendications régionalistes. ParlonsInfo était sur place.
L’identité bretonne en première ligne
Les manifestants se sont réunis à la grande place des vieilles charrues face à une tribune avant de défiler en ville. Les symboles de la présente collectivité bretonne germent sans cesse. « On a voulu le récupérer, mais ce symbole nous appartient. Il appartient au Finistère » proclame ainsi un manifestant à la tribune à propos des bonnets. De plus, les drapeaux fleurissent au dessus de ces têtes déjà garnies en rouge.
La culture et la langue bretonne sont très utilisées, lors des discours, mais aussi à l’occasion de chants et de musique. Le tout est arrosé par de grands messages où pousse ce mot d’ordre général : « Re-Zo-Re ! » – « Trop c’est trop ».
Une union pour plusieurs causes
L’un des points phares du mouvement réside dans le fait que toutes les branches sociales seraient présentes: aussi bien employés qu’employeurs. Un rassemblement général donc pour un objectif: se faire entendre par le gouvernement.
Les bonnets rouges souhaitent permettre à leurs causes d’enfin se concrétiser. Jusqu’à aujourd’hui, le gouvernement serait encore et toujours resté muet à leur égard comme le décrit Thierry Meret, agriculteur et président de la Fédérations Départementales des Syndicats d’Exploitants Agricoles du Finistère (FDSEA). Il n’est pas question d’indépendance de la Bretagne mais d’autonomisation et de régionalisation. « Vivre, décider, et travailler en Bretagne » est la devise sans cesse répétée.
Environ 200 camions et tracteurs étaient présents pour participer au mouvement. « Tout ce que vous avez, c’est un camion qui vous l’a envoyé » explique-t-on pour mettre en cause l’écotaxe. Néanmoins, malgré le fait que ce soit une mesure de source européenne, l’Union Européenne n’est pas visée, comme nous l’explique Thierry Meret : « Je crois qu’il y a deux choses. Par exemple, les autoroutes en Allemagne ont été très longtemps gratuite. Pendant ce temps-là, ils ont développé du ferroutage, du transport fluvial ; ce faisant, aujourd’hui, ils ont appliqué l’écotaxe. Ici, on nous dit, on va taxer les camions, tout ça pour développer du ferroutage ou du transport fluvial. La France prend les choses à l’envers ! »
Nous avons également demandé au maire, Christian Troadec, si c’est son rôle, en tant qu’homme politique, d’organiser et d’être l’un des leaders de ce mouvement contestataire. Celui-ci répond : « La noblesse de la politique est d’être avec les gens et de travailler avec eux pour se rendre utile.»
Une ambiance festive
« Celui qui lutte n’est pas sûr de gagner, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu», cette citation de Bertolt Brecht, proclamée lors de discours au tribunes, reflète l’état d’esprit global.
Le résultat à atteindre est difficile et irait à l’encontre d’un processus de chômage et de taxes qui demeurerait depuis plusieurs années déjà. Mais les individus présents souhaitent prôner à Carhaix un message d’espoir. Un message d’autant plus paisible que les manifestations se sont bien déroulées, sans violence et dans une bonne ambiance. Les bonnets rouges ont fait ressentir leur fierté d’être breton, tout en faisant entendre leurs dénonciations. « Aujourd’hui, la France n’est plus gouvernée mais administrée. À nos hommes et à nos femmes politiques de reprendre le pouvoir dans le pays » dit un syndicat.
Un bilan positif
Chacun semble satisfait de la journée. En début de soirée, les bonnets rouges retournent à la tribune pour festoyer ou quittent les lieux. Le maire de Carhaix, encore présent, nous témoigne de son ressenti.
« C’est énorme, plus de 40 000 personnes encore aujourd’hui, 30 000 la dernière fois à Quimper. Voilà, le peuple breton est debout et il va falloir avancer droit au près de Paris et de François Hollande en particulier. On veut vivre, décider, et travailler en Bretagne. Et on veut des droits pour les bretons. C’est pourquoi on demande à François Hollande de venir en Bretagne maintenant, pour nous dire clairement s’il entend ou non régionaliser la France. Parce qu’il est vraiment temps. On ne va pas continuer à vivre avec un carcan administratif de jacobins, avec des hauts fonctionnaires qui gouvernent la Bretagne comme des consuls. Donc ça suffit, on veut avoir ici des phases de liberté.»
Afin de faire suite de ce qualifié succès, des cahiers de doléances ont été proposé sur place pour faire monter de nouvelles idées. De plus, il est expliqué que des projets seront dans les prochains jours rendus publiques. De nouvelles manifestations ne sont pas prévues mais des négociations avec le gouvernements sont attendues ou du moins voulues par les bonnets rouges.
Yonathan Van der Voort