Une nouvelle année vient de commencer. Alors qu’enfants et adultes se préparent à tenir leurs nouvelles résolutions pour l’année 2016, des associations telles que La Rue Tourne s’activent à rendre la période de fin d’année moins pénible pour les personnes démunies. Coup de projecteurs sur cette jeune association parisienne et sa maraude de Noël du samedi 19 décembre.
Samedi, 13h45, dans le quartier de la Nation, une cinquantaine de jeunes sont réunis devant un fast-food. À leur pied, trônent de grands cabas remplis de chocolat. 215kg plus précisément, récoltés la semaine précédente dans le centre commercial de Neuilly Plaisance. Ces jeunes ne sont pas là pour profiter des boutiques de ce coin shopping du 12ème arrondissement de Paris, mais pour répondre à l’appel à bénévole lancé par l’association La Rue Tourne.
« C’est beau tous ces jeunes réunis un samedi après-midi comme ça, au lieu qu’il pouvait aller au cinéma ou faire autre chose » confie impressionnée Maïté, la vingtaine, ancienne étudiante en communication. Comme beaucoup de jeunes bénévoles ici présent, elle a entendu parler de l’association par le biais de Facebook et Twitter. D’ailleurs, pour ces maraudes de fin d’année, le #LRTChristmas a spécialement été créé pour l’occasion, afin que les bénévoles puissent partager en temps réel leur expérience du terrain.
À 14h, c’est le départ. Les bénévoles se divisent en cinq groupes couvrant Gare de Lyon, République, Les Halles, Opéra … des hauts lieux de l’effervescence parisienne où se concentrent généralement, comme on dit dans le jargon bénévole, les « bénéficiaires ».
Les maraudes : entre organisation précise et vraie prise de contact
Les groupes sont composés de neuf à dix personnes et sont guidés par deux trois bénévoles plus expérimentés, qui présentent la marche à suivre. Le modus operandi est plutôt simple : le groupe se déplace ensemble, ou se divise en trio dans les grandes voies pour gagner du temps. Les bénéficiaires sont approchés en comité restreint de deux à quatre personnes, pour ne pas les submerger. « Bonjour, je m’appelle (nom du bénévole). Nous sommes de l’association La Rue Tourne. Vous allez bien ? » et le contact est fait. L’opération de Noël est présentée, le sac en chocolat offert, la carte de vœux dévoilée. Puis les bénévoles s’intéressent au bénéficiaire. D’où il vient, depuis combien de temps il est à la rue, afin d’un peu mieux le connaître.
« C’est vraiment sympa ce que vous faites, surtout dans cette période de l’année » nous confie dans un sourire Maria, une jolie blonde au joue rose, une cinquantaine d’années aux compteurs. Elle « habite » dans le quartier de Charonne, dans le 11ème arrondissement. C’est son anniversaire aujourd’hui et elle attend sa fille place de la Nation.
« La Rue Tourne ? Je connais pas… ». Une phrase récurrente dans la bouche des personnes rencontrées. Et pour cause, l’association n’existe officiellement que depuis Mars 2015. Pas de président, mais cinq bénévoles permanents qui riches de leur ancienne expérience en milieu associatif, ont décidé d’y aller de leurs propres initiatives.
Une association active dans les rues, mais pas que…
Des maraudes sont organisées, ainsi que des interviews de bénévoles et bénéficiaires. Mais l’association a également à cœur de sensibiliser les nouvelles générations à la cause, par le biais d’intervention en milieu scolaire. Leur premier partenaire est l’école primaire Victor Hugo à Gagny dans le 93 et ses membres de la Dream Team LRT. La Dream Team, ce sont les professeurs et écoliers qui reçoivent et participent aux projets de l’association. « C’est toujours avec un super smile qu’on y va, et c’est aussi avec pleins de petits smile qu’on est reçu » explique la bénévole Heger. Les bénévoles LRT sensibilisent et éclairent les enfants sur ce que sont les personnes en situation de précarité, mais aussi sur le principe du bénévolat et de l’aide à autrui. Qu’est-ce que le quotidien des SDF ? Comment leur venir en aide ? De quelle manière les aborder ? Par la suite, eux-mêmes mettent aussi la main à la pâte. En avril dernier par exemple, les petits écoliers se sont métamorphosés en mini-bénévoles le temps d’une vente de gâteaux en faveur de l’association. Ils ont réussi à collecter pas moins de 310 euros pour financer l’achat de capes de pluies pour des SDF.
« La solidarité est le b.a.-ba de l’éducation : Liberté, Égalité, Solidarité ! Les enfants peuvent concevoir la fraternité, mais la solidarité est une notion plus concrète, basée sur des rencontres. En faisant entrer des projets extérieurs en classe, on y fait entrer la solidarité et la vraie vie » témoigne pour LRT Mme Lemaire, enseignante membre de la Dream team.
« J’ai compris [depuis sa rencontre avec LRT ; ndlr] que c’était des gens comme nous, mais ils n’ont pas la chance d’avoir tout ce qu’ils devraient avoir. » confie à La Rue Tourne Kahina, 8 ans, écolière à Victor Hugo. La petite très touchée par la cause de l’association a même participé à une maraude, accompagnée de sa mère. Elle a été marquée par sa rencontre avec Marc, un sans-abris, mis à la porte par sa femme. « Quand il a lu la petite carte, il a versé une petite larme. Il nous a dit que ça faisait penser à ses enfants qu’il n’avait pas vu depuis longtemps ». Des cartes de vœux et bougies réalisées par les écoliers ont été glissées dans les baluchons de chocolats distribués lors des maraudes.
« Être le chaînon manquant entre la précarité et la bulle de ceux que la vie a épargnée »
L’association a aussi pour objectif de « créer du lien social pour échanger, comprendre et essayer d’aider » quand c’est possible, m’explique Antoine un des bénévoles fondateurs, en charge des Projets et de la Communication. « Notre rôle est un peu d’être le chaînon manquant entre la précarité et la bulle de ceux que la vie a épargnée. » Pour cela, les bénévoles tentent de créer du suivi en récoltant lors des maraudes, le plus d’informations concernant les personnes rencontrées : Nom, emplacement, besoins… afin de les apporter par la suite lors de prochaines maraudes.
La dernière maraude de l’association a eu lieu le dimanche 3 janvier, pour clôturer les actions de cette fin d’année. Mais s’il reste du chocolat, une suivante sera peut-être organisée à l’occasion de la Saint-Valentin, comme ce fut le cas l’année précédente. « On était un peu comme des petits cupidons » plaisante Clara.
Pour plus d’infos sur l’association et ces prochaines actions, rendez-vous sur le site de la Rue Tourne et les réseaux sociaux Facebook et Twitter.
Gnouleleng Egbelou
Super article, merci beaucoup !