Peu étaient ceux à croire en un bon résultat d’une équipe de France championne d’Europe en titre mais orpheline de son leader Parker. Les bleus n’ont pourtant rien lâché et sont parvenus à rallier la course pour la troisième place, offrant ainsi au basketball français sa première récompense dans une compétition mondiale. Parlons Info revient pour vous sur le parcours d’une des plus belles équipes du sport français.
Il faut croire que la position d’outsider est celle qui convient le mieux à cette équipe. Orpheline de Tony Parker, l’équipe construite par Vincent Collet était l’une des plus jeunes du tournoi. Fournier, Heurtel et Lauvergne — pour ne citer qu’eux — ont joué à un niveau au-delà de nos espérances compte tenu de leur expérience internationale. Tout n’a pourtant pas été évident d’entrée de jeu, notamment lors de cette première défaite face au Brésil en phase de poule. Toutes les craintes que l’on avait se voyaient cristallisées par la faiblesse offensive d’une équipe dénuée d’un « gros scoreur ». Dés lors, l’avenir des Bleus au mondial se voyait conditionné par une défense de fer et une solidarité de tous les instants, pas évident pour une équipe sans automatismes collectifs et qui devait affronter la Serbie pour le match suivant.
Malheureusement, cette rencontre commença difficilement pour les troupes de Collet : fébriles en attaque — seize ballons perdus — et trop peu agressifs en défense, les Bleus accusent un déficit de huit points à la pause. Edwin Jackson, au retour des vestiaires, sonne pourtant la révolte tandis que Diot retrouve enfin la mire. Revenus à 60 – 62, il faudra compter sur un énorme quart-temps de Joffrey Lauvergne pour recoller puis passer devant, à quelques secondes du terme, grâce à deux lancers-francs pleins de sang-froid. Cette victoire par le plus petit des écarts — 74 à 73 — semblait avoir enfin lancé le mondial de la sélection tricolore. Le match suivant en était la preuve avec une défense agressive et une grande solidarité offensive. La France joue un excellent basket et le résultat final en est l’illustration parfaite : 94 – 55 et un nouveau record pour cette jeune équipe. Jamais les Bleus n’avaient remportés un match en Coupe du Monde avec un tel écart.
Le pire se profile pourtant à l’horizon avec un match déjà capital face à une équipe qui a soif de revanche : l’heure est venue d’affronter l’Espagne. Blessés dans son égo après le dernier Euro, la sélection espagnole se devait de frapper fort devant son public. La correction n’est pourtant jamais venue, et ce malgré l’écart de vingt deux points du résultat final. Cette défaite scelle l’avenir des Bleus qui sont désormais sûrs — s’ils remportent leur dernier match face à l’Iran — de rencontrer la Roja en quarts de finale. Sans doute préoccupés par cette idée, les coéquipiers de Nicolas Batum entrent mal dans leur match, avec bien trop de ballons perdus et une défense laissée au vestiaire. Il ne fallait cependant pas les enterrer trop vite : Heurtel et Fournier assurent à la marque et permettent aux Bleus d’accéder aux huitièmes de finale mais sans s’être rassurés, loin de là. La France retrouve ainsi l’excellente Croatie pour un match décevant en de nombreux points. Les deux camps semblent tétanisés par l’enjeu et ne parviennent pas à mettre dedans. Le rythme est haché et le public gronde face à un tel spectacle. Comme toujours, l’agressivité d’Evan Fournier permet aux Bleus de reprendre des couleurs avant que Nicolas Batum ne prenne le relai. Bogdanovic fait mal, il permet à la Croatie de recoller à 64 – 66. Il loupe cependant le trois point qui aurait permis aux siens de passer devant et l’équipe de France s’impose, en attendant l’Espagne pour des retrouvailles sous haute tension.
Dans une salle en feu, Pau Gasol et les siens font donc face aux Bleus. La pression n’est pourtant pas chez ces derniers. Accéder aux quarts de finale était presque inespéré tant cette équipe de France était inexpérimentée. La Roja, elle, porte tous les espoirs d’un peuple qui a encore en mémoire l’humiliation subie quelques années plus tôt lors de l’Euro et cela se ressent d’entrée de jeu. Les Bleus défendent avec une énorme agressivité et attaquent inlassablement pour imprimer un onze à deux à des espagnols qui ne savent pas comment réagir. Navarro se reprend en fin de quart temps pour faire égaliser les siens : 15 – 15. On le savait pertinemment, la défense serait la clé de cette rencontre et les Bleus n’ont pas déçus, bien au contraire. Boris Diaw est parvenu à effacer complètement Marc Gasol et les extérieurs tiennent le choc face aux shooteurs ibériens. Le jeu de l’Espagne est grandement basé sur les décalages, à savoir que Pau Gasol monopolise l’attention de ses adversaires pour faire oublier les joueurs extérieurs qui peuvent alors dégainer à distance pour assommer l’équipe adverse. Vincent Collet l’avait bien compris et avait requis une attitude défensive irréprochable de son équipe qui a parfaitement entendue la consigne. Prise à la gorge, la Roja perd 35 – 28 à la pause avec un affreux 1/11 à trois points. Elle se reprend pourtant au retour des vestiaires en mettant une pression énorme sur des Bleus qui sont à deux doigts de l’implosion. Evan Fournier les relance pourtant tandis que l’agressivité en défense est de retour. L’Espagne doute, fait bon nombre d’erreur avec une fébrilité que l’on ne lui connaissait pas alors que Rudy Gobert contre Pau Gasol. Thomas Heurtel prend ses responsabilités, s’élève derrière la ligne pour assassiner l’Espagne d’un trois point plein de sang-froid. Ils l’ont fait, les Bleus ont éliminés la sélection Espagnole à domicile et en l’absence de Tony Parker pour ce qui est, sans l’ombre d’un doute, l’un des plus grands exploits de l’histoire du sport français.
Sur un nuage, les Bleus semblaient irrésistibles et fin prêts à s’en aller retrouver la sélection américaine en finale, la Serbie en avait cependant décidé autrement. En effet, les Bleus bégaient un simulacre de basketball alors que la Serbie joue vite et juste. Teodosic est partout, donnant le tournis à un Nicolas Batum dépassé. Boris Diaw nous sauve du naufrage tandis que l’ailier des Blazers se démène en attaque. L’équipe de France accuse un retard de quatorze points au retour des vestiaires et cela ne s’arrange pas. Les joueurs ne parviennent pas à défendre juste, souffrant de la vitesse de jeu serbe et des ses décalages. Le retard se creuse et les Bleus accusent un retard de quinze points en fin du troisième quart temps. Ce diable de Fournier entre pourtant un trois points avant que Batum — après une interception — ne s’en aille dunker avec autorité en contre-attaque. Nicolas Batum prend alors ses responsabilités et permet aux siens de recoller à deux points à quelques minutes du terme mais les Serbes ne tremblent pas aux lancers-francs et s’imposent 90 – 85. C’est la désillusion mais l’équipe de France n’a pas le temps de ruminer, elle affrontera la Lituanie pour la médaille de bronze seulement dix-huit heures plus tard.
La défaite est dure a accepter tant le talent des Bleus les plaçaient largement au-dessus du niveau de la Serbie, la preuve avec un Nicolas Batum de gala mais ce n’est plus le sujet, non. Vincent Collet parviendra-t-il à remobiliser ses troupes pour un dernier match face à l’excellente sélection lituanienne ? C’était la question que l’on se posait et à laquelle les Bleus ont répondus d’entrée de jeu avec une agressivité retrouvée et un 5 – 0 plein de promesses. Lauvergne s’impose et mets les siens sur de bon rails tandis que Nicolas Batum réitère son incroyable performance de la veille avec des actions de grande classe. Les Bleus commencent cependant à souffrir au rebond et à commettre des fautes inutiles qui les mettent dos au mur. Batum — encore lui — peut compter sur un Lauvergne inarrêtable dans la peinture pour le suppléer à merveille. L’agressivité de Fournier — sa marque de fabrique — fait du bien en sortie de banc en provoquant la défense lituanienne : 43 – 42 pour les tricolores à la pause.
Au retour des vestiaires, c’est la douche froide : la défense de l’équipe de France se fait hésitante et elle ne peut compter que sur Nicolas Batum et Thomas Heurtel pour ne pas sombrer définitivement : 71 – 64 pour la Lituanie en fin de troisième quart. Fort heureusement, les Bleus se reprennent à l’image du passage en force provoqué par Antoine Diot. Batum permet aux siens de recoller à 73 – 75 avec un splendide tir à trois points. La Lituanie se fait hésitante et les tricolores en profitent pour enfin reprendre l’avantage. Dans le money-time, Diaw et Heurtel ne tremblent pas et permettent aux Bleus de mener de six points à vingt sept secondes du terme : la tension est à son comble. Heurtel, après deux échecs sur la ligne, montre tout son sang-froid sur les quatre suivants. Batum ne tremble pas non plus et scelle les espoirs lituaniens à trois secondes du terme : 95 – 92 pour les Bleus. Pietrus envoie Maciulis sur la ligne, il inscrit son premier lancer et manque volontairement le second pour laisser une chance aux siens d’égaliser : Pietrus capte le rebond, c’est terminé. 95 – 93 : la France tient enfin sa première médaille mondiale au basket.
Que dire de ce parcours tant il était inattendu. L’équipe de France aurait pu se contenter d’un huitième de finale synonyme de compétition réussie mais, en bon compétiteurs, les basketteurs français n’ont rien lâché et sont enfin parvenus à décrocher cette médaille qu’ils voulaient tant. Cette médaille de bronze symbolise ce que la « génération Parker » a fait pour le basket français. En se mobilisant chaque année, Diaw, Turiaf, Parker et Pietrus ont donnés un véritable cadre pour permettre aux jeunes de s’épanouir pleinement en sélection. Heurtel, Lauvergne, Gobert, Fournier représentent l’avenir de l’équipe de France et quel avenir avec l’Euro en mire et les jeux Olympiques en 2016. Pour conclure, il ne faut pas oublier celui sans qui tout cela aurait été impossible : Vincent Collet. Étrangement sous-estimé par le monde du basket, le coach français est pourtant l’un des meilleurs tacticiens de ce sport. Il n’a eu de cesse que d’analyser les tactiques de ses adversaires pour mieux les contrer. La victoire historique contre l’Espagne, c’est à lui que les Bleus la doivent plus qu’à tout autre. Cette équipe de France est certainement l’une des plus belle du sport français, à la fois irréprochable sur et en dehors des terrains : les Bleus n’ont pas fini de vous faire vibrer.
Simon Sainte Mareville