Le 16 avril dernier, la LFP (Ligue de Football Professionnel) a annoncé avoir adopté l’utilisation de la Goal Line Technology en Ligue 1 dès la saison prochaine. Après la Premier League en 2013, la France est seulement le 2e championnat à s’équiper du système de validation des buts alors qu’il existe depuis 2012. S’ il est si peu utilisé, c’est qu’il est soumis à controverse.
« Une dépense importante pour une utilisation trop rare » déplore un ancien arbitre de Ligue 2 qui officie désormais en National ( la 3e division française), qui a préféré garder l’anonymat, à propos de la Goal Line Technology. Le système a été utilisé pour la 1ère fois en 2012 lors de la Coupe du Monde des clubs. Il consiste en l’installation de 14 caméras à haute vitesse (capables de capter 500 images par secondes), 7 pour chaque but. Ces dernières sont reliées à un ordinateur, qui connait donc la position du ballon à 2 millisecondes près. Les coordonnées recueillies sont analysées pour déterminer si le ballon a ou non franchi la ligne de but.
Du fait de ce dispositif important, le coût l’est également. En août dernier, Frédéric Thiriez, président de la Ligue de Football Professionnel, estimait à 400 000 euros par stade l’installation du matériel nécessaire. Sans compter le personnel nécessaire à son exploitation. C’est d’ailleurs pour cette raison que la France et l’Allemagne avaient jusqu’ici refusé la technologie. Au final, la Série A (Italie), la Bundesliga 1 (Allemagne) devraient être équipées dès la saison prochaine, et même la MLS (Etats-Unis) s’y mettrait prochainement.
Présentée par une concession envers ceux qui réclament la vidéo dans le football, la Goal Line est-elle réellement une avancée dans l’assistance à l’arbitrage ? Selon l’arbitre contacté par la rédaction, rien n’est moins sûr : « Il est certain que ça pourrait éviter des situations litigieuses, comme lors du dernier OM – OL, mais quand on y regarde de plus près, combien de situations de ce genre se présentent ? Une dizaine par saison, grand maximum ! C’est un investissement énorme pour pas grand-chose. ». Difficile de ne pas lui donner raison. Les litiges de ce genre sont extrêmement rares. Par exemple lors de la Coupe du Monde 2014, première utilisation internationale, un seul but a été accordé grâce à la Goal Line (le 2e but de Karim Benzema lors de France – Honduras).
« Avec la sévérité de la DNCG en ce moment, c’est loin d’être le moment… »
Ne vaudrait-il pas mieux une polémique de temps en temps qu’un investissement dans le vent ? Une nouvelle fois, réponse sans appel : « Une polémique on peut la gérer. Par contre, pour des clubs de L1 au budget plus faible, ou même les clubs de L2 qui vont monter, cela va faire un sérieux trou financier. Et avec la sévérité de la DNCG en ce moment, c’est loin d’être le moment… ».
Entre tous les litiges arbitraux qui secouent le football, la LFP a donc choisi de s’attaquer au moins fréquent. C’est toujours une avancée, mais à quel prix pour les petits clubs ? Et surtout, pourquoi continuer à creuser le fossé entre L1 et les autres championnats français (qui ne seront pas équipés) ? La Goal Line Technology est-elle un simple coup de communication pour calmer les tensions, ou est-elle réellement le premier pas en vue de faciliter le travail des arbitres, tout en calmant les tensions quasi permanentes qui tournent autour de l’arbitrage ? Seul l’avenir nous le dira.
Antoine Ballet